MAREV.
i82
Il ne faut donc chercher, dans les courbes de ce genre, que
l’expression des phases de la dilatation d’un vaisseau sous
des charges croissantes (1).
Il sera important de multiplier ces recherches et surtout
d’étudier comparativement l’élasticité des aortes humaines à
différents âges, puisqu’il est démontré que l’extensibilité arté¬
rielle décroît dans la vieillesse.
On remarquera que dans la figure 40, l’origine des courbes
ne correspond pas à une pression intérieure nulle, mais en
général à une pression de 2 centimètres 1/2 de mercure.
Cette pression intérieure est nécessaire pour que l’aorte
soit remplie au début de l’expérience et présente la forme
cylindrique grâce à laquelle tous les points de sa circonfé¬
rence résistent à la dilatation en vertu de leur force élastique.
Une aorte imparfaitement remplie dans laquelle on ferait
agir la pression commencerait par acquérir la forme cylin¬
drique et, pour cela, laisserait pénétrer, presque sans résis¬
tance, une grande quantité de liquide. On verrait alors la
courbe des changements de volume s’élever presque vertica¬
lement jusqu’au moment où, la réplétion étant parfaite, elle
suivrait les phases que l’on observe dans la figure (2).
Les courbes expérimentales de la dilatation de l’aorte sous
l’influenee de charges régulièrement croissantes montrent que
la force élastique des parois de ces vaisseaux croît plus vite
que la pression intérieure à laquelle ils sont soumis. Ce
résultat concorde avèc celui des expériences de Wer-
theim, mais, ainsi que nous le disions en commençant, ne
pouvait être prévu d’après les seules expériences de ce physi¬
cien. On peut, en effet, supposer que la force élastique du tissu
aortique croisse plus vite que les charges auxquelles on soumet
une lanière de ce tissu et que pourtant, la dilatation du vais¬
seau soit régulièrement proportionnelle à ces charges. En
(1) Peut-être aurait-on des mesures comparatives de l’extensibilité des dif¬
férentes aortes en donnant aux ordonnés des valeurs correspondantes à la
capacité initiale du vaisseau sur lequel on opère.
(2) C’est le même effet que l’on constate dans lo cœur quand les ventri¬
cules incomplètement remplis entrent en systole. Le premier résultat du
resserrement des parois ventriculaires est de donner au cœur la forme glo¬
buleuse'à partir de laquelle toute diminution de volume des ventricules aura
pour effet nécessaire l’expulsion d’une certaine quantité de sang.