I
EMPLOI DU MYOGRAPHE POUR ÉTUDIER l’ÉLECTRICITÉ
DE LA TORPILLE (1).
Quand on excite le nerf moteur d’une patte de Grenouille,
il s’écoule un certain temps entre l’excitation et l'apparition
du mouvement provoqué. Helmholtz a enseigné la manière
de mesurer graphiquement ce retard et a montré qu’il, se
compose de deux éléments : l°le temps nécessaire pour que
l’excitation se propage, à travers le nerf, du point excité
jusqu’au muscle ; 2° d’un temps assez court, 1/100 de se¬
conde environ, qui s’écoule entre le moment où le muscle
est excité et celui où il donne son mouvement ; c’est là ce
que Helmholtz appelle temps perdu ou durée de l’excitation
latente.
Pour savoir si l’acte électrique produit par l’excitation du
nerf de la Torpille présente un retard analogue, j’ai procédé
-àla manière de Helmholtz, ainsi qu’on va le voir.
On coupe les nerfs électriques de l’un des appareils de la
Torpille, afin de supprimer de ce côté les décharges volon¬
taires. En excitant un de ces nerfs, on obtient de petites
commotions très-faibles, en général insensibles au toucher,
mais que traduit très-bien la patte d’une Grenouille fixée au
myographe. Pour recueillir le courant de la Torpille et l’en¬
voyer à la patte de la Grenouille, on saisit l’appareil électrique
entre deux larges plaques de métal qui forment les mors
d’une sorte de pince ; chacune de ces plaques collectrices est
(1) Résumé d’une première série d’expériences faites à Naples au mois de
juin 1871, et publiées dans les Annales de l’Ecole normale supérieure, 2« sé¬
rie, t. Ier, p. 80 à 114.