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B. Bourdon.
fréquentes faites aux mots du tableau cité; sur les 10 suivants, il
n’y en a que 3; sur les 10 qui ont associé le plus vite, il y en a
6 qui, au contraire, ont moins de 19 concordances, et même 2 qui
en ont moins de 8; sur les 10 qui les suivent comme vitesse, il y en
a 4 qui ont moins de 15 concordances et 2 qui en ont 8 ou moins
de 8. On voit par ces chiffîres qu’il n’y a pas de rapport démontrable
entre la vitesse d’association et l’individualité des réponses. On arrive
à la même conclusion d’une autre manière: si je divise les 47 per¬
sonnes considérées en 3 groupes, comprenant le premier celles qui
présentent de 0 à 9 (inclusivement) cas de concordance (14 personnes),
le second celles qui en présentent de 10 à 19 (18 personnes), et le
troisième celles qui en présentent 20 et plus (15 personnes), et si je
cherche la vitesse moyenne d’association pour une personne de chacun
de ces groupes, je trouve pour le premier groupe 14,6 associations
par minute, pour le second 15,9, et pour le troisième 17,1; or, il
serait imprudent de rien conclure de chiffres aussi peu différents. Il
est vrai que dans l’opération totale qui consiste à lire, à associer au
mot lu un autre mot, et à écrire ce dernier mot, l’acte d’écrire prend
un temps relativement si considérable que les différences entre les
temps d’association proprement dite, considérés à part des temps de
lecture et d’écriture, ont peu d’influence sur la durée de chaque
opération totale. Toutefois, la vitesse moyenne de l’écriture diffère
elle-même peu d’un groupe à l’autre; j’ai déterminé cette vitesse en
faisant écrire au crayon le plus vite possible pendant le même temps
à chacune des personnes un certain nombre de' fois la même phrase
courte apprise d’abord par cœur; or, les personnes du premier groupe
et celles du second ont écrit en moyenne exactement le même nombre
de lettres par minute, savoir 161 ; celles du troisième groupe ont écrit
un peu plus vite, 174 lettres par minute; mais il en est deux parmi
elles qui ont écrit l’une 140 lettres et l’autre 132 seulement; inverse¬
ment, parmi celles du premier groupe on en trouve qui ont écrit
200 lettres en moyenne par minute et même plus.
On pourrait songer à faire intervenir, pour expliquer l’individualité
des associations verbales, celle de l’éducation reçue et des con¬
naissances acquises. Mais cette hypothèse n’est guère défendable en
général; ainsi, il n’est pas douteux que pour n’importe quel Français
chapeau-de paille constitue une association de mots qui s’est