Volltext: L'orgue. Ses éléments, son histoire, son esthétique

CHAPITRE V 
Orgues de salon. L’orgue et l’orchestre. 
IL est agréable, pour reprendre le mot de Goudimel, d’avoir « pour s’esjouir chez 
soi ès maisons », un instrument auquel on ne demandera point de provoquer les majes¬ 
tueuses impressions que crée l’orgue d’église, dont on attendra celles-là seulement 
qui, plus délicates, sont moins saisissables dans les vastes nefs. Beaucoup d’œuvres 
écrites sur les Primitifs de l’orgue en tous pays, par les maîtres français de l’Ancien 
Régime, même certains Chorals-Préludes de Bach, ne prennent leur véritable aspect 
que joués sur un orgue adapté à l’ambiance intime d’une pièce de peu d étendue. L’orgue 
d appartement a été connu de bonne heure. Dans le Louvre de Charles V, en 1413, 
« Louis de France, duc de Guyenne, fils aîné de Charles VI, fit élever un avant-portail 
de pierres de taille, chargé de moulures, voûté et terminé d’une chambre couverte d’une 
terrasse. Dans cette chambre furent mises « les orgues » de ce prince, et la terrasse, 
destinée pour les joueurs d’instruments ou ménétriers du roy et du duc de Guyenne ». 
Par ailleurs, on n’hésite pas à se servir en plein air du petit instrument, comme en font 
foi maints dessins, tableaux, tapisseries. On en voit un dans la célèbre tapisserie de la 
Dame à la licorne, du musée de Cluny, comme dans celle d’Angers qui représente Pierre 
de Rohan qu’accompagne sa femme Marguerite d’Armagnac sur un positif du temps. 
Un tableau du Titien, au musée du Prado, nous montre un cavalier jouant de l’orgue 
sur une sorte de terrasse et distrait par la contemplation d’une sorte de déesse. Je jure¬ 
rais que pareille aventure ne détournerait, aujourd’hui, des soins qu’il doit au jeu de 
son instrument, aucun de nos petits, moyens ou grands organistes, fût-ce Vénus elle- 
même qui lui apparût. 
A l’époque de Couperin et d’André Raison, volontiers on appelait ces petits instru¬ 
ments « cabinets d’orgue », le premier mot pris au sens d’armoire, de secrétaire, comme 
on le voit dans le Misanthrope. Pour les orgues à un clavier on pratiquait la « coupure » 
qui est restée, ou devenue, particulière à l’harmonium. Les compositeurs en tenaient 
compte sans dédain, témoin Clérambault qui écrivait en tête de son recueil de pièces 
d orgue : « J’ay composé ces pièces de manière qu’on peut les jouer aussi facilement sur 
un cabinet d’orgue à jeux coupés que sur un grand orgue; c’est pourquoi, dans la Basse 
de Trompette et dans les Récits, les accompagnements de jeux doux ne passent pas le 
milieu du clavier, non plus que les sujets du dessus et de la basse. »
	        
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