16
L’ORGUE.
la clarinette, dépense pour les tons graves beaucoup d’air de faible pression; les tons
élevés, au contraire, en demandent peu, mais, le veulent très énergique. De cette simple
observation des phenomenes constants de la nature, il découlé que, si les basses et les
dessus d’un jeu sont mis en vibration par une colonne d’air identique, les unes se déve¬
lopperont dans leur majestueuse ampleur, tandis que les autres, chétifs et ternes, se per¬
dront dans la masse et n’auront aucune portée. »
Bien que, dans la pratique, on ait abandonné les pressions différentes pour les dessus
et les basses, surtout dans les petits instruments, c’est d’une évidence telle qu il semble¬
rait que, sinon dès les débuts, du moins à partir de la Renaissance, les facteurs d orgues
eussent dû s’en rendre compte : c’est à peu près comme si l’on pensait que le Paris de
François Ier eût pu être desservi par des tramways. Si le Moyen Age eut le génie de 1 archi¬
tecture, il ne l’eut pas de la mécanique, du moins minutieuse, touchant les instruments
de musique; et,
comme l’orgue, si
rudimentaire qu’il
fût resté malgré cer¬
tains progrès, était,
de tous, le plus com¬
pliqué, le Moyen
Age s’avérait inca¬
pable de l’amener
à l’état de perfec¬
tion.
La partie mé¬
canique se divise en
six éléments princi¬
paux : la soufflerie,
les portevent, les
sommiers, les regis¬
tres, les claviers, les abrégés. Elle est, de l’orgue, la partie, sinon la plus ingrate, la
moins pittoresque et la plus encombrée de technicité. J’entrerai le moins possible
dans les détails, qui n’ont d’intérêt que pour les professionnels : facteurs et organistes.
I. La SOUFFLERIE. — Elle est à l’orgue ce que les poumons sont au corps humain.
Elle se compose de soufflets plus ou moins nombreux et vastes, suivant les proportions
de l’instrument qu’ils animent. L’appareil se compose essentiellement :
1° de deux pompes affectant la forme de tout soufflet cunéiforme à un seul pli
rentrant qui, actionnées par des souffleurs au moyen de leviers ou de pédales, pompent
l’air pour le refouler dans les réservoirs. Ces pompes, mues primitivement à bras ou à
pieds d’hommes, peuvent être mues par des moteurs à eau, à gaz, à air comprimé, etc.,
mais, de nos jours, c’est le ventilateur électrique qui a le mieux résolu le problème, en
envoyant directement l’air dans les réservoirs et rendant les pompes inutiles; 2° de
réservoirs que l’on construit rectangulaires et avec plis compensateurs inventés au com¬
mencement du XIXe siècle par l’horloger anglais Cummins; ces plis sont alternés, 1 un
rentrant, l’autre sortant, afin que la pression soit constante, quel que soit le déve-