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evèque Anglais en 988 coula de ses propres mains deux cloches pour
l’abbaye d’Abington, qu’il dota encore d’un orgue qui selon le rapport
de Guil. Malmesbury, avait beaucoup de ressemblance avec celles de
l’Allemagne. Il fit de même pour un grand nombre d’églises et de mo¬
nastères d’Angleterre.
L’Église en adoptant l’usage de l’orgue, a trouvé en lui un puissant
auxiliaire qui rélève singulièrement la majesté et la grandeur de ses
augustes et touchantes cérémonies. Dans ses moments d’allégresse, il se
réjouit avec elle, et dans ses pompes funèbres, docile à la main qui
le guide, il fait entendre des soupirs et des gémissements. L’orgue est
donc un instrument religieux; voilà sa gloire. « Oui, s’écrie M. Regnier,
il est cela ou il n’est rien : et il est tout parce qu’il sert à l’Eglise,
parce seul il peut servir à l’Eglise et ne peut servir qu’à l’Eglise.
L’Eglise l’a fait ce qu’il est aujourd’hui, comme forme et comme style :
hors de l’Eglise, point de salut pour lui : ce 11’est qu’un meuble im¬
mense, incommode, ruineux, susceptible de tous les bruits imaginables,
mais incapable de rendre et surtout de rendre seul, un vrai service
dans la pratique ordinaire de l’art. » (1)
CHAPITRE VI.
État de la facture des orgues au moyen-âge. Ses progrès jusqu'au
XVIe siècle. Invention des pédales. Amélioration des claviers. Orgues
positives et régales.
Il ne sera pas sans intérêt de mettre ici sous les yeux du lecteur
une étude détaillée sur les procédés en usage dans la facture des orgues
au moyen-âge. Martianus Capella, écrivain du Xe siècle, (2) nous fournit
les détails suivants sur la manière de construire les tuyaux. Ceux ci
étaient pour la plupart faits de cuivre, et de forme légèrement conique
à la partie inférieure. Une pièce semi-circulaire en cuivre aplati fixée
(1) L’orgue, p. 4.
(2) Cod. Bernensis,