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Parmi les immenses progrès des arts et des sciences au XIXe siècle,
la facture des orgues a recueilli une bonne part. Un grand nombre
d’entre eux ont été mentionnés dans la première partie de cet ouvrage
mais sous un point de vue purement historique. Il nous reste donc
une partie notable de notre tâche à remplir, en faisant connaître l’orgue
et les perfectionnements modernes de son mécanisme et de ses jeux, dans
un but unique et principal d’utilité pratique.
Afin de procéder avec ordre et méthode nous envisagerons l'instru
ment d abord tel qu’il se présente à nous sous un premier aspect, et
tel ensuite qu il se dessine à nos yeux après un examen plus attentif
et plus détaillé. La première chose qui fascine en quelque sorte le regard
du spectateur, dès qu’il se rencontre avec un grand orgue d’église, c’est
le buffet, qui avec son brillant déploiement de tuyaux polis, a quelque
chose d imposant et nest toutefois que l’enveloppe, fort belle assurément,
de l’instrument proprement dit. A mesure qu'il s’approche de plus près, il
remarque les claviers, les registres, les pédales d’accouplements, etc. A peu
de distance du corps de l’orgue, il voit le mécanisme de la soufflerie, une
partie des porte-vents. Telles sont d’ordinaires les parties apparentes de
l’orgue. L’amateur, veut-il se familiariser davantage avec les dispositions
secrètes de l’instrument, son regard attentif en pénétrant dans le massif
même, sera tout d abord comme égaré dans cette espèce de dédale mé¬
canique, de pièces qui se tiennent, s’entrecroisent et transmettent le
mouvement des claviers et des registres d’un bout à l’autre, de la base
au sommet de l’instrument. Ce mécanisme s’appelle l'abrégé et occupe
d’ordinaire la majeure partie du bas-étage et de la console. Plus haut,
il entrevoit les rangées de tuyaux de toute grandeur, de toutes formes.
Ces tuyaux reposent sur une caisse qu’on nomme le sommier. Celui ci,
hermétiquement fermé, reçoit le vent des soufflets par des conduits ou
porte-vents, et est composé des parties suivantes : la laye ou caisse du
vent, renfermant les soupapes avec leurs ressorts et boursettes, reliées au
clavier par 1 intermédiaire des abrégés. Derrière la laye plus au fond
de la caisse du sommier, sont les canaux du vent ou gravures, pratiqués
en profondeur du sommier et recouverts d’une double série de planches,
dont la supérieure forme la chape et soutient les tuyaux. Sur un des
côtés du sommier on voit ressortir de quelques centimètres les plan¬
chettes qu on nomme les registres. Ce sont des règles en bois, en Ion-