20
VÉRIFICATION D'UN ORGUE.
tant pour le faire d'une autre manière ; tandis que
l'organiste en fait l'appréciation par l'oreille et par le
toucher. Or, la grande habitude qu'il a d'entendre les
diverses combinaisons des sons, lui donne une supé¬
riorité marquée sur le facteur, et le rend plus apte à
faire valoir et à apprécier la bonté du mécanisme
de toutes les parties de l'instrument. En outre, par
la facilité qu'il possède de manier les différents jeux
dont l'instrument est composé, il est à même de pro¬
duire des mélanges à l'infini et d'en faire ressortir
avec éclat les effets harmoniques, tout en découvrant
les défauts qui peuvent s'y rencontrer.
D'autres, enfin, ont voulu que, pour plus de sû¬
reté, il fût adjoint un facteur à l'organiste. Nous
sommes complètement de cet avis, car du choc des
opinions jaillit la lumière. Mais il se présente à ce su¬
jet un ohstacle assez grave provenant de la difficulté
de trouver, en province surtout, des facteurs assez
habiles pour remplir cette mission avec intelligence
et impartialité; tandis qu'il est plus aisé de rencon¬
trer de bons organistes ayant une grande habitude de
ces sortes de solennité, et possédant, du moins en
partie, les connaissances nécessaires pour faire une
bonne réception. 11 faut ajouter à toutes ces considé¬
rations la répugnance bien naturelle qu'éprouve tout
facteur de voir son œuvre contrôlée, censurée par un
confrère qui, souvent, lui est inférieur en mérite, et
qui, souvent aussi, a été son concurrent, par contre,
son ennemi. Nous avons été plusieurs fois témoin en
province de scènes déplorables à ce sujet.
Puisque les organistes, d'après l'usage adopté jus-