DI GMT K DU TRAVAIL MANUEL ET DU TRAVAIL INTELLECTUEL 5
spécialisant; la spécialisation demande plus de précision, par consé¬
quent plus d’attention. Elle est d’autant plus inévitable qu’un plus
grand nombre d’individus sont assez en contact pour agir et réagir les
uns sur les autres. A mesure que les sociétés deviennent plus volumi¬
neuses et plus compactes, la concurrence y devient plus intense, le tra¬
vail doit augmenter et se spécialiser pour augmenter la valeur; il en
résulte une stimulation générale et un progrès de la culture. A mesure
que nous prenons l’habitude d’un plaisir, il s’atténue et il faut trouver
des excitants nouveaux ; mais cela n’est possible que si le travail devient
plus productif et par conséquent se divise davantage. Chaque progrès-
dans l’art, dans la science, dans l’industrie nous oblige à des progrès
nouveaux, seulement pour ne pas perdre les prolits des précédentsi. La
civilisation s’impose comme une nécessité et non comme un but; elle
produit une fatigue nerveuse qui augmente le besoin d excitation et par
conséquent elle doit s’avancer avec une accélération progressive, et cette
accélération entraîne une augmentation progressive de dechels.
La division du travail s’impose aussi bien au travail scientifique qu au
travail industriel; de plus en plus les savants se spécialisent dans le
sens marqué par des différences naturelles et le travail est a la fois
moins pénible et plus fructueux.
La division du travail, qui a sa base dans l’inégalité naturelle-, est
une nécessité sociale, elle est la source de la solidarité qui modère la
concurrence; mais elle ne peut être un agami de progrès de la person¬
nalité qu’à la condition que chaque individu soit capable de voir ce
qui se passe autour de lui, et de profiter du progrès général ’.
Ch. Fourier qui considérait le travail comme la punition de 1 homme,
remarque que pourtant il fait les délices de diverses créatures et
que c’est parce qu'il est mal organisé qu’il est regardé comme un
malheur; et il conclut que le travail peut être rendu attrayant. Il
formule les conditions de cette attraction dont plusieurs ne manquent
pas d’intérêt pour le physiologiste. Il tient compte de la liberté, de
l’influence de la propreté et de l’élégance des ateliers, delà nécessité de
la division du travail et de la variété des occupations. « La variété
périodique est un besoin du corps et de 1 esprit ». « Oue les séances
industrielles soient variées environ huit fois par jour, ! enthousiasme
ne pouvant se soutenir plus d’une heure et demie ou deux heures dans
T. E. Durkheim, La division du travail social, p. 277 ; Paris, F. Alcan, 1893.
2. J. Lebuv, Le travail, p. 30. 1903.
3. A.-A. Issaïeff. Les grands hommes et le milieu social, 1903.