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TRAVAIL ET PLAISIR
seconde suivante et elle est efficace; c’est-à-dire que la contraction élec¬
trique se produit avec un intervalle de moitié moindre que celui qui,
auparavant, était suffisant pour empêcher le soulèvement volontaire
(fig. 200). Le résultat de l’expérience est le même si, au lieu du muscle,
c'est le nerf qu’on excite à la partie interne du bras. Il n’est pas douteux
que la contraction volontaire a perdu son efficacité avant la contrac¬
tion provoquée par la faradisation.
Les graphiques montrent cependant que les premiers soulèvements
provoqués parla faradisation sont moins élevés que les suivants. Quand
la volonté est impuissante, il existe aussi de la fatigue périphérique.
On peut trouver dans nos expériences antérieures d’autres arguments
en faveur du siège cérébral de la fatigue du mouvement volontaire :
elle peut être interrompue très rapidement, et à plusieurs reprises
successives, non seulement par les excitations sensorielles les plus
diverses, mais aussi par la suggestion, par des images de mouve¬
ment, etc. Ces interventions variées agissent à la fois sur la hauteur des
soulèvements et sur leur nombre.
La fatigue, qu’elle soit produite par des exercices physiques, par des
travaux intellectuels, des excès sensuels ou alimentaires, joue un rôle
important dans l’étiologie d’un grand nombre d’affections1 en diminuant
la résistance aux agents infectieux ou toxiques.
Lorsqu’un organe subit un exercice exclusif ou prédominant, il peut
devenir le siège d’accidents particuliers de la fatigue. Les organes sen¬
soriels et viscéraux peuvent être fatigués par un excès de travail et être
affectés, en conséquence, de troubles spéciaux.. Les conditions chimi¬
ques sont à la base des sensations 2 3. A toute modification du chimisme
des éléments nerveux correspond une modification de la conscience.
La fatigue du cerveau a été l’objet de travaux spéciaux qui ont pris*
dans ces dernières années, un caractère plus scientifique °.
La fatigue intellectuelle, comme la fatigue physique, diminue la sen¬
sibilité générale 4 aussi bien que la sensibilité spéciale, tout comme elle
affaiblit la motilité volontaire et involontaire. Mosso a montré que la
contractilité des muscles provoquée par l’électricité diminue après le
1. M. Carrieu, De la fatigue et de son influence pathogénique, Thèse, 1878. —
A. Coustan. De la fatigue dans ses rapports avec l’étiologie des maladies des
armées en paix et en campagne. Arch, de méd. militaire, 1889, t. XIV, p. 89, 293,
2. E. M ach. Die Principien der Wärmeulehre, Leipzig. 1896, p. 360.
3. Marie Manacéine, Le surmenage mental dans la civilisation moderne, etc. ; 1890.
— A. Binet et Y. Henry, La fatigue intellectuelle, Paris, Schleicher, 1898.
4. Th. Vannod. La fatigue intellectuelle et son influence sur la sensibilité cutanée.
Rev. méd. de la Suisse romande, 1896, p. 712.