INFLUENCE DU TABAC SUR LE TRAVAIL
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La prolongation de l’excitation a encore augmenté la dépression pri¬
mitive, et le travail total des 9 premières séries est tombé à 33kgm,90. La
répétition de l’excitation au cours de la fatigue, plus marquée, a donné
une plus-value encore supérieure à celle de l’expérience précédente,
mais la dépression s'est accentuée à la série
suivante. La troisième excitation n’a plus
donné qu’un relèvement insignifiant du
travail.
Claparède et Isaïlovitch ont vu que sous
l’influence de petites doses le tabac produit
un effet excitant primitif sur l’association,
dont le temps s’abrège1. Les doses fortes
auraient vraisemblablement uue action in¬
verse sur les processus psychiques.
En somme, le tabac à fumer ne produit
qu’une excitation tout à fait éphémère, plus
marquée dans la fatigue. Ce peu de durée de
l’excitation entraîne sa répétition, et l’habi¬
tude, qui constitue un besoin, dont la satis¬
faction aboutit à un déficit immédiat de
l’énergie, sans compter les chances d’into¬
xication.
Rares sont ceux qui sont capables d'uti¬
liser, à leurs dépens d’ailleurs, l’excitation
passagère de l’alcool et du tabac pour un
travail de choix. Le coup de fouet que donnent
ces excitants est néfaste quand il s’agit du tra¬
vail forcé réglé d'avance et toujours le même.
L’influence de l’alcool et du tabac sur le travail physique ou intellec¬
tuel, comme celle des autres excitants, n’est qu'une part de leur action.
Ils n’agissent pas seulement sur l’innervation des organes moteurs; ils
agissent aussi sur l’innervation des viscères et sur leurs fonctions, et
en particulier sur les sécrétions de l’appareil digestif; pris en petites
quantités après les repos, ils constituent en réalité des condiments rétro¬
actifs qui excitent les sécrétions tout en masquant la latigue digestive.
Tous les excitants peuvent être considérés comme utiles tant qu ils favo¬
risent les fonctions de nutrition : pas de vie sans irritation ; mais à ce
Fig. 135. — Premier ergo-
gramme de la première série
de l'expérience IV. Effet
plus déprimant de l'action
plus prolongée du tabac.
1. Ed. Claparède et D. Isaïlowitch, Influence du tabac sur 1 association des idées,
C. R. de la soc. de Biologie, 1902, p. 758.
Féué.
Travail.
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