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PROSE ET VERS
Il convient d’examiner cette distinction avec plus
.de détails.
4. La vraie distinction entre ce qu’on appelle vers
et prose. — La vraie distinction entre vers et prose,
nous la trouvons dans Vidée de mouvement sonore
libre et mouvement contraint.
On se figure communément, de façon plus ou moins
implicite, que le vers est un être de rythme alors que
la prose n’en est pas un. Cette notion ne résiste pas à
l’expérience et on remarque avec la plus grande faci¬
lité, par Foreille, des rythmes dans la prose.
Alors on pense du moins que le vers a des rythmes
précis, très nettement dessinés, tandis que la prose a
plutôt de vagues tendances au rythme. Mais cette diffé¬
rence de netteté et de précision n’est guère, remar-
quons-le bien, affaire d’oreille. Elle est affaire de cri¬
tique. C’est la différence qu’il qu’il y a entre l’audition
d’une fugue qu’on a longuement étudiée d’avance,
qu’on a analysée comme on le fait dans les classes de
contrepoint; et l’audition d’une pièce de forme toute
nouvelle et inconnue, mais de composition non moins
rigoureuse à l’analyse. Ce n’est pas pour l’oreille que
ces deux œuvres contiennent des nombres plus nets;
mais tantôt nous sommes avertis sur ces nombres, ils
ont dans notre intelligence un dessin bien analysé;
tantôt tout est neuf et par là un peu étourdissant.
On s’aperçoit bien qu’il en est ainsi, quand on a