MESURES DES RYTHMES
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des auditeurs, n’ont eu de prise sur le subjectif qui a pu
s’introduire : ce subjectif, c’est la façon de lire le vers
préférée par le lecteur: son interprétation de ce que doit
être en réalité la distribution des accents toniques, dans
ce vers.
Parce que, dans le domaine du rythme, et du moins
en première analyse, les instruments de mesure autre
que l’homme même n’ont aucune supériorité pour l’éli¬
mination du subjectif, s’il s’en introduit; parce que les
instruments ne livrent pas, comme l’observation à l’œil
nu, le phénomène à étudier, mais ce phénomène com¬
pliqué d’un tas d’autres choses parasites, qui diminuent
la clarté, et qui ne sera bon que ramené à la mesure de
l’observation humaine; pour ces raisons, nous renon¬
çons, dans ce domaine, à un attirail scientifique qui nuit
plutôt à la démarche scientifique, laquelle est économe.
Ce n’est d’ailleurs pas, en sciences, un scandale que
l’observation à l’œil nu : quand on classait les étoiles en
errantes et en fixes, on faisait à l’œil nu de très bonne
science. Ce que dit notre main ou notre œil peut ren¬
seigner très bien même dans des sciences plus avancées
que celle des rythmes. (Photométrie, etc.)