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LA SENSIBILITÉ MUSICALE
évoquent volontiers le souvenir des anciennes échelles
diatoniques (Schumann, Troisième Symphonie, IV) ;
4° Echelle majeure., représentée par les mêmes notes que
l’échelle diatonique, mais avec un autre point de départ,
direction ascendante, degrés principaux, ceux de l’accord
parfait do, mi, sol, do ; ou plutôt sol, do, mi, sol.
Le squelette de cette échelle apparaît clairement dans
1’andante de la Symphonie en mi |? de Haydn {Paukenwir¬
bel), où se trouve employée dans les variations majeures
l’échelle suivante : sol, do, ré ou ré ÿ, mi, fa ou fa jf, sol,
la distinction étant nette entre les notes essentielles et les
notes de passage (cf. à cet égard la Marseillaise). L’éthos
du majeur correspond à celui du dorien et va même plus
loin ; le dorien était mâle, le majeur est militaire ;
5° Echelle mineure essentiellement flottante; direction
incertaine ; degrés principaux : positivement, la quinte,
négativement, interdiction de la tierce majeure; ad libitum,
selon le sens du mouvement, pour le reste. C’est à cette
échelle qu’est désormais dévolu, en remplacement du chro¬
matique et de l’enharmonique anciens, le rôle d’évoquer
les inflexions passionnées de la voix, de styliser l’échelle
continue (i).
Aucun de ces types d’échelles n’est pur, ne représente
le résultat simple de lois naturelles, l’application logique
d’un principe unique ; tous sont des complexes aux ori¬
gines infiniment multiples, chargés de significations qui
demeurent secrètes pour notre conscience claire, mais
auxquelles notre vie intérieure est habituée depuis trop
longtemps pour qu’elle les méconnaisse.
(i) La différence entre l’échelle diatonique mineure et l'échelle chromatique
mineure apparaît nettement dans la cantate Ihr werdet weinen, où Bach emploie
Tune pour peindre la joie, l’autre pour peindre la douleur.