LES ÉCHELLES
71
arriver à une figure géométrique ; coïncidence admirable
et rare !
Dans d autres cas la question ne se pose point, par
exemple quand nous procédons à cette mise en proportion
qui consiste, pour determiner un carré, à plier diagonale-
ment une étoffe rectangulaire. Dans d autres enfin il peut
y avoir conflit latent ou declare ; quand on veut déterminer
une des dimensions d’un édifice d après la diagonale du
carré construit sur une autre des dimensions, on obtient
un second nombre incommensurable au premier.
Ceci ne presente pas d inconvénients si bon emploie un
« matériau » sans dimension precise, de la terre pilonnée
par exemple. Le conflit a du s élever nettement au contraire
du jour où l'élément de la construction a constitué module :
tel est le cas pour la brique.
On sait que la méthode éducatrice de Pestalozzi emploie,
entre autres moyens destinés à former les esprits enfantins,
Ces jeux composes de parallelipipedes de bois dont les formes
et les dimensions variées, mais régies par des proportions
simples, permettent toutes sortes de combinaisons cons¬
tructives. Il semble que, dans la formation de l'esprit
humain, un rôle analogue ait été joué par la construction
en briques ; et il n’est pas interdit de supposer que l’idée
modulaire imposée par ce type d'édifices est passée de là
à la musique.
Imaginons un mur long de vingt briques perpendiculai¬
rement auquel 1 architecte veut en élever un autre de
longueur égale à celle de Ja diagonale du carré construit sur
le premier. Cette longueur sera représentée par un nombre
fractionnaire de briques ; approximativement 28.28. Il
faudra donc que l’architecte choisisse, ou de casser les
briques pour intercaler des quarts de briques, ou bien de
laisser tomber la fraction. Les devis de l’arsenal du Pirée,
interprétés par A. Choisy (1), nous montrent que c’était ce
(1) Cf. son Histoire de Varchitecture et ses travaux sur l’architecture grecçjue.