LES ÉCHELLES
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tard doit faire écarter cette conception. La divisione arit-
metica, envisagée par Zarlino, n aurait donc pu s’opérer
pu en juxtaposant des cordes; or ici la longueur n’est plus
seule en cause, il faut également s’assurer qu’il y a ten¬
sion égale, et le seul procédé simple pour mesurer la tension
des cordes est, comme faisaient les artilleurs antiques,
d écouter leur son. Le cercle est vicieux.
La difficulté ne se poserait pas s’il s’agissait de tuyaux,
mais, sauf une exception que nous verrons plus loin, il
semble bien qu’initialement les essais d’échelles n’aient pas
eu lieu sur les instruments à vent, ceux-ci étant plutôt
affectes à reproduire des echelles individuelles préexistantes.
Ils pouvaient cependant fournir aux constructeurs d’ins¬
truments a cordes des diapasons stables, indépendants de la
tension et permettant de ramener a une valeur moyenne
les diverses valeurs de la mèse. Suivant ce processus, au
milieu des deux sons extrêmes que nous supposons être
deux mi consécutifs, viendra s’intercaler par la vertu de la
pi ogression arithmétique le la du diapason (i).
A la suite de Zarlino nombre de musicologues ont émis
1 hypothèse que la gamme s’etait formée en fonction des
longueurs décroissantes d’une colonne vibrante. Fétis
et après lui Wallaschek ont indiqué que les premières
echelles pouvaient résulter de la disposition à intervalles
égaux des trous percés sur un tuyau.
Wallaschek prétend qu’en procédant de la sorte, on obtient
naturellement la gamme diatonique ! On demeure étonné
d une telle assertion qui ne supporte pas l’examen, puis-
qu en raison des rapports logarithmiques entre la lon¬
gueur de la colonne vibrante et l’acuité du son, à des inter-
(i) Le lecteur s étonnera certainement de voir présenter aussi longuement et
laborieusement un processus qui nous paraît fort simple aujourd’hui que la
gamme s achète toute servie chez le luthier. Ce dont il faudrait plutôt s’étonner,
c est de la manière dont nombre de musicologues présentent l’histoire de leur
art, et qui la rend comparable à une histoire du langage parlé qui débuterait
pai 1 és.ude des signes alphabétiques, ou à une histoire de l’arithmétique qui
prendrait comme point de départ la théorie des logarithmes.