l’effort mental dans le mouvement 3
Cette mécanisation nuisible de la mémoire des
mouvements et de la mémoire des mots semble tirer
son origine d’une époque antiscientifique lointaine,
où l’affinement progressif de l’activité fonctionnelle
et des perceptions sensorielles n’était pas encore
considéré comme un phénomène corrélatif du déve¬
loppement de l’intelligence.
Comme nous l’expliquerons plus loin, non seule¬
ment on ne doit pas faire de mouvements sans pen¬
ser, mais on doit apprendre à penser les mouve¬
ments avant d’être à même de les exécuter dans les
conditions voulues. Entre le mouvement artistique
et le mouvement antiartistique, entre le mouvement
créateur et le mouvement impuissant, il existe une
différence essentielle : l’un est pensé, l’autre ne l’est
pas. La pensée transforme le mouvement parce
qu’elle lui donne les propriétés d’où émanent sa
force d’expression, sa vie.
Dans l’éducation des mouvements volontaires ar¬
tistiques, le premier rôle ne doit donc plus revenir
au mécanisme des mouvements des doigts, mais au
mécanisme des fonctions mentales qui déterminent
les rapports à établir dans l’exécution des mouve¬
ments. L’éducation essentielle réside dans le calcul
de ces rapports, et non dans les mouvements exé¬
cutés par les doigts.
L’effort intellectuel nécessaire pour apprendre à
gouverner ses mouvements de façon à leur commu¬
niquer toutes les propriétés artistiques doit donc
tenir la première place dans l’éducation des mou¬
vements volontaires dont il s’agit ici. La valeur des
mouvements réside dans la pensée qui les anime, et