2 l’éducation de la pensée et le mouvement
ment a, comme la matière, des propriétés, et que
si d'une part les mouvements s'identifient maté¬
riellement avec les organes par lesquels ils sont
exécutés, d'autre part leurs propriétés s'identifient
avec l'activité cérébrale qui en commande et en
règle l'exécution.
C’est en raison de cette cérébralité qu’il est sus¬
ceptible d’acquérir, que le mouvement volontaire est
destiné à devenir une science, et cette science exer¬
cera l’influence la plus décisive sur l’évolution de
l’éducation et, par conséquent, sur l’évolution de
l’activité mentale.
Déjà, par les résultats obtenus au moyen des le¬
çons de choses, on s’est rendu compte des services
que le mouvement volontaire, adapté à la significa¬
tion de certains mots, peut rendre dans l’éducation
de l’enfant. On a constaté que le mouvement fait
penser l’enfant, tandis que le mot peut n’éveiller au¬
cune idée correspondante malgré sa répétition réité¬
rée, souvent même peut-être à cause de sa répéti¬
tion réitérée.
Du reste, le mouvement lui-même, aussi bien que
le mot, peut être stérilisé, on pourrait dire profané
par sa répétition réitérée que Ton impose dans ren¬
seignement des instruments de musique, Là, durant
de longues heures, on développe fatalement le méca¬
nisme des doigts au détriment du mécanisme delà
pensée. Ces procédés répréhensibles provoquent une
espèce de mémoire automatique des mouvements
qui entrave le développement de la pensée, de la
même façon que la mémoire automatique des mots
imposée dans les études scolaires.