LE TOUCHER CONTRAIRE
167
processus physiologiques, parce qu’elle fait naître
d’autres processus psychologiques.
Et corrélativement à cette transformation du
redressement et de l’abaissement des doigts, les pres¬
sions en sens inverse suggèrent l’idée d'une autre
atmosphère interne; atmosphère aussi différente
de celle qu’on connaissait que l’atmosphère externe
réelle de celle dans laquelle semblent se transmettre
les mouvements en sens inverse.
En somme, sous l’influence de cette forme manuelle
complémentaire, on se sent transformé comme si
n’ayant connu et utilisé que les gros ressorts de son
activité fonctionnelle, on en découvrait de petits qui
soudain dévoilent un perfectionnement ignoré. On
pourrait dire que ce perfectionnement se produit
chaque fois que nos pressions manuelles allant en
hauteur et en profondeur se pénètrent de manière à
faire disparaître dans une certaine mesure de notre
conscience l’idée de distance et l’idée de matière, pour
les remplacer par la conception d’une nouvelle force
qui n’est que mouvement.
On peut certainement reprocher aux idées expo¬
sées ici sous une forme bien sommaire, qu’elles sont
toutes écloses du bout de mes doigts : mais c'est dans
cette base physiologique qu’en semble résider la
valeur.
Je me suis fait une éducation spéciale à la
recherche d’une définition scientifique du toucher
musical, mais à mesure que j'avançais dans cette
éducation, ce n’est pas seulement mon toucher
musical mais toutes mes perceptions qui se sont