LE TOUCHER SPHÉRIQUE
135
cette découverte même semble en quelque sorte
reliée à l’harmonie fonctionnelle de notre méca¬
nisme sensitif. La perspective des réalités externes
ainsi que celle des réalités internes semblent se
manifester comme si les mêmes forces étaient en jeu,
comme si le discernement de toute chose reposait
sur une base unique.
Du reste, pourquoi ne pas admettre que si, dans le
monde visible, rien ne peut subsister dégagé de ces
lois, dans le monde de la pensée il n’en soit de
même ?
Pourquoi les grandes œuvres d’art, dans les¬
quelles des génies créateurs se sont incarnés,
paraissent-elles aussi impérissables à l’esprit humain
que l’immensité de l’espace visible au regard
humain ?
Je dois reconnaître que toutes ces conceptions
neuves qui hantent ma pensée, se ramènent à un
fait précis : c’est par la transformation des attitudes
de mes doigts que je suis arrivée à transformer ma
vue, de manière à percevoir à travers tous les mou¬
vements que je fais et que je vois faire aux autres,
des rapports que je n’avais jamais vus. Ces rapports
nouveaux que je perçois déterminent un fait nou¬
veau : tous ces mouvements me paraissent influencés
par les lois universelles répandues dans l’espace,
influence dont on ne peut les dégager sans cesser de
les concevoir.
Dans ces conditions, nécessairement, mon intelli¬
gence m’apparaît sous l’influence des mêmes lois
que mes mouvements. J’admets d’autant plus l’exis-