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LES RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES.
réussit qu'avec du carbonate de chaux d'une nature particulière.
Celui qui provient de la calcination de coquilles d’huîtres donne
de très bons résultats. On mélange trois parties de la substance
ainsi obtenue, avec une partie de fleur de soufre, et on les chauffe
au rouge dans un creuset, à l’abri du contact de l’air. Le phos¬
phore de Canton, que l’on obtient ainsi, donne, dans l’ohscurité,
une lumière jaune après son insolation. Les coquilles d’huîtres
calcaires ne sont pas toujours pures, et le résultat obtenu est
quelquefois peu satisfaisant; il est préférable d’agir avec des
corps dont la composition soit bien déterminée. « Quand on
veut préparer un sulfure phosphorescent avec de la chaux et du
carbonate de chaux, dit M. E. Becquerel, les proportions les
plus convenables sont celles dans lesquelles, sur 100 parties de
matière, on emploie 80 p. 100 de fleur de soufre dans le pre¬
mier cas, et 48 p. 100 dans le second cas, c’est-à-dire lorsqu’on
emploie les quantités de soufre qui seraient nécessaires pour
être brûlées par l’oxygène de la chaux ou du carbonate, et pour
produire un monosulfure1. »
Il faut avoir égard, dans la préparation, à l’élévation de la
température ainsi qu’à sa durée. En opérant, en effet, avec de
la chaux provenant de l’aragonite fibreuse, et portant le creuset
à une température inférieure à 500 degrés, pendant un temps
suffisant pour que, la réaction entre le soufre et la chaux ayant
lieu, le soufre en excès soit éliminé, on a une masse faiblement
lumineuse, avec une teinte bleuâtre; si cette masse est portée à
une température de 800 à 900 degrés et ne dépasse pas la fusion
de l’argent ou de l’or, et cela pendant vingt-cinq ou trente mi¬
nutes, alors la masse offre par phosphorescence une teinte lumi¬
neuse très vive.
Le sulfure de calcium jouit de propriétés phosphorescentes
différentes suivant la nature du sel qui a servi à produire le car¬
bonate de chaux employé. Si l’on transforme du marbre blanc
en nitrate de chaux, en le dissolvant dans de l’eau additionnée
d. Ces substances doivent être très finement pulvérisées et intimement
mélangées.