H. PONGS. — L’IMAGE POÉTIQUE ET L’INCONSCIENT
163
ploration sur l’océan sans limites de l'inconscient, si problématique
qu’il apparaisse du point de vue d’une stricte philologie, semble
pourtant indispensable si l’on veut arriver à définir le symbole poé¬
tique comme la forme supérieure de l’image artistique. Le présent
travail pourrait servir d’étude préliminaire à cette recherche. En
reprochant au langage métaphorique de vouloir esquiver le réel, on
découvre dans la poésie un élément contradictoire, et cette décou¬
verte se révèle comme extrêmement féconde dès qu’il s’agit de faire
le départ entre les images qui ont un contenu symbolique et celles
qui en sont dénuées. Nous sommes enfin ramenés à ce qui fait l’es¬
sence de l’àme du poète dans la mesure où elle implique un conflit
radical entre l’esprit et la vie. Mais les grands poètes — et c’est un
trait essentiel de leur nature —, loin d’avoir recours aux images pour se
dérober à la vie telle qu’ils la saisissent dans l’inconscient, cherchent
à la modeler, à lui donner un sens et une forme significative, confor¬
mément à leur tendance anagogique innée. Ce qui naît ainsi de
la collaboration de l’inconscient et de l’anagogique a la profondeur
complexe de la vie elle-même, tant dans le rêve créateur que dans la
grande poésie.
(Stuttgart, octobre 1932.
Traduit par MHo G. Bianquis).
Hermann Pongs .