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tances où il est perceptible; car le degré du grave à l'aigu dépend du
nombre de vibrations par seconde , et ce nombre ne varie pas , quelle
que soit l’amplitude do ces vibrations.
37. Réflexion philosophique. — Si l’on considère que le mou¬
vement moléculaire dans les ondes sonores atmosphériques se modifie
selon les degrés sonores du grave à l’aigu, du fort au faible , et en
outre selon la distinction du timbre des instruments ou des voix , et
cela , non seulement pour un son unique, mais pour une multitude
de sons différents les uns des autres, et simultanément; que , dans
cette simultanéité naît pour chaque son séparé une série à part d’ondes
sonores qui marchent indépendantes les unes des autres. dans des
directions ou semblables , ou opposées ou obliques, sont réfléchies
sur elles-mêmes par les corps sur lesquelles elles frappent et repren¬
nent un cours inverse , se coupent en mille sens différents et semble¬
raient devoir se déchirer en lambeaux ; que tout cela s’opère pour¬
tant en musique sans trouble et sans confusion ; qu’ ainsi le même
rayon sonore obéit à la fois , et avec une égale fidélité, à mille im
pressions diverses ou contraires , ou plutôt que chacune de ces mille
causes trouve pour son compte un système de molécules libres et in¬
dépendantes n’obéissant qu’à cette cause; si l’on ajoute que l’effet
disséminé en grand vers les confins de la sphère sonore la plus
étendue , se concentre également vers le centre , dans un espace de
plus en plus resserré , sans nuire à la clarté de la perception ; qu’enfin
ce prodige de multiplicité, de variété, se résume en petit sur l’étroit
espace de la membrane du tympan , quelle expression trouvera-t-on
dans la langue pour rendre dignement le sentiment d’admiration que
doit exciter en nous une telle merveille! (1)
38. Sons simultanés considérés dans Vunité commune du
(1) Ab-del-Kader , dans un écrit remarquable inséré naguère au Moniteur , re¬
proche aux savants français de ne jamais mentionner dans leurs démonstrations ce
qui pourrait élever les esprits au-dessus des choses terrestres. Ce n’est pourtant pas
faute d’en avoir l’occasion.