ion, comme ils trouvent le même mouvement au moyen du métronome L »
Assurément il étaitimpossible de mieux indiquer les avantages à recueillir
de la fixité et de l’uniformité du diapason; toutefois on n’v fit point atten¬
tion ; quoiqu’il y eût dès-lors un journal de musique, il ne parla pas de cette
intéressante question, et les journaux politiques n’en dirent pas un mot. En
dernier lieu il en a été tout autrement, et l’on doit s’en féliciter, même en
supposant que ce qui a été écrit et dit n’ait pas eu grande influence sur la
décision prise,
Le tuyau dont parle Salomon de Caus (article VI) étant supposé précisé¬
ment de trois pieds de roi donnerait 349,23 vibrations, et par conséquent
en supposerait pour le la du diapason 880*
Les 96 vibrations du fa de basse indiquées par Mersenne se rapporte¬
raient à la série du seize pieds de l'orgue, où le tuyau de douze pieds pro¬
duit 1 efa; mais ici Mersenne compte en vibrations doubles, et aujourd’hui
au lieu de 96 nous dirions 192, ce qui se rapporte au fa de la série du huit
pieds. C’est alors le premier fa de la clef de fa quatrième ligne, au-dessous
de la portée.
Je n’avais d’abord pas donné grande attention à ce chiffre de 96 exprimé
bien nettement et désignant de la manière la plus positive le fa grave de la
voix de « ceux qui font la basse dans la chambre » et appliqué à un exemple
qui ne laisse rien d’équivoque. En y réfléchissant, je me suis aperçu qu’il
déterminait un ton fort élevé par rapport à celui dont on s’est servi depuis,
puisque le nombre de 96 vibrations doubles ou 192 simples suppose 966,2,
pour le la du deux-pieds qui détermine notre diapason, c’est-à-dire un degré
entre notre si bémol et notre si naturel, et assez près de ce que sera le si de
la commission, qui aura 976,5 vibrations en raison du la 870.
On avait donc dans le premier tiers du xvne siècle un diapason beaucoup
plus haut que le plus élevé de nos jours, qui n’est que de 911 et appartient
seulement à un corps militaire (Guides de Bruxelles). Le fait est indiqué ici
de telle sorte qu’il est impossible d'élever le moindre doute.
Comment ensuite le diapason avait-il, à la fin du même siècle, baissé dans
l’énorme proportion de 966,5 à 810? Cela ne saurait s’expliquer autrement
que par l'arrivée en France des chanteurs italiens appelés à Paris par Ma-
zarin à la fin de 1645 ; ils importèrent avec eux leur ton, le ton italien, jus¬
qu’en ces derniers temps toujours plus bas que le ton français (voir l’opus¬
cule, p. 52); ce ton italien devint dès lors à Paris le ton d’Opéra. Cambert
et Lulli l’adoptèrent, et petit à petit il se propagea dans le public pourl’ac-
1 L'Art d'accorder soi-même son piano d’après une méthode pure, simple et facile,
déduite des principes exacts de l’Acoustique et de l’Harmonie, par C. Montai.. 1836,
In-8, p. ‘26.