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souvent arrivé, tout en évitant la lésion des nerfs laryngés inférieurs, de détacher par¬
tiellement et de renverser en avant le larynx de ces animaux ; alors il m’était tou¬
jours facile de rendre plus ou moins rapide le courant d’air expiré, en leur faisant
endurer une douleur plus ou moins intense, et, dans tous ces cas, que l’épiglotte
intacte fût abaissée à divers degrés sur l’orifice laryngien, ou qu’elle fût excisée,
j’ai toujours constaté l’exactitude de l’assertion du professeur de Berlin. Prenez, sur
l’animal mort, un larynx muni d’épiglotte, et, tendant les cordes vocales, poussez
de l’air avec force dans la trachée; le son que vous obtiendrez alors ne différera
pas, d’une manière appréciable, de celui qui se fera entendre après l’excision de
cet opercule, si toutefois les autres conditions de l’expérience demeurent les
mêmes.
Ces faits négatifs, établis par l’expérimentation et favorables au sentiment de
Haller, ne nous paraissent pas de nature à être contredits par l’observation d’indi¬
vidus qui, ayant eu l’épiglotte détruite par une maladie ou enlevée accidentelle¬
ment , ont consécutivement présenté un trouble notable dans les phénomènes
vocaux , attendu que, dans ces cas , l’altération pathologique semble toujours
avoir envahi l’instrument véritable de la phonation ou ceux de la prononciation.
L’épiglotte nous a paru servir, dans quelques cas et surtout clans la production
de sons très aigus, à compléter l’occlusion de l’isthme du gosier, et concourir ainsi
à l’expulsion de l’air par les fosses nasales. Participant d’ailleurs au mouvement
vibratoire de ce fluide, elle peut contribuer au timbre de la voix.
'1° Cordes vocales supérieures.
Les cordes vocales supérieures ne sont pas nécessaires à la phonation. En effet,
sans léser les ventricules, nous avons pu inciser ces prétendues cordes sur des
larynx restés en place ou bien renversés au-devant du col des animaux, et les sons
rendus n’ont pas été sensiblement modifiés. Les chiens et les chats ont continué
à pousser des cris très aigus, cris dont on pouvait encore singulièrement accroître
l’acuité, en faisant basculer le cartilage cricoïde sur le thyroïde, pour augmenter
ainsi la tension des parois ventriculaires, celle des cordes vocales proprement
dites, et diminuer l’ouverture de la glotte inférieure.
3“ Ventricules du larynx.
Les ventricules, d’après nos expériences propres, sont indispensables à la pho¬
nation complète. Réunis au tuyau laryngien sus-glottique, ils forment l’appareil
renforçant essentiel, celui sans lequel la voix ne saurait se produire intégra¬
lement.
Sur des larynx de chiens vivants, après avoir successivement retranché l'épi¬
glotte, les cordes vocales supérieures et les ventricules, de manière à ne laisser que
les cordes vocales inférieures, sans doute nous avons encore obtenu dessous,
comme d’autres physiologistes l’avaient déjà remarqué. Mais cela suffit-il pour
admettre, avec eux, que les cordes vocales inférieures constituent, à elles seules
et essentiellement, l’organe vocal, en vibrant à la manière des anches membra¬
neuses ?
Si l’on examine, avec attention, les phénomènes qui accompagnent, dans ce cas,
la production d’un son, on remarque diverses particularités: d’abord les cordes
vocales sont au contact, ce qui n’a pas lieu dans la voix naturelle ; puis c’est par des
efforts considérables de l’animal que l’air, écartant les cordes vocales fortement