DU SON ET DES PRINCIPAUX INSTRUMENTS APTES A SA PRODUCTION. 35
physique de Biot (1), on lit : « Il importe de faire remarquer que ce n’est pas la
languette qui, par ses vibrations propres, ferme et ouvre tour à tour la rigole;
c’est l’air qui l’y pousse et qui la ramène. Le son dépend de ces chocs et de ces
retours plus ou moins rapides. Si le point d’attache est fixe ainsi que la longueur
de la languette, l’air aura besoin d’une force d’autant plus grande pour l’amener
contre la rigole qu’elle en sera plus éloignée. Ainsi l’augmentation de cet éloigne¬
ment devra rendre les battements plus rares, et par conséquent, plus grave le son
qui en résulte, c’est ce qu’on observe constamment : au contraire , on rendra le
son plus aigu, si l’on raccourcit la partie libre de la languette, toutes les autres
choses restant les mêmes, parce que son extrémité aura moins de chemin à faire
pour s'approcher de la rigole et moins à faire, aussi pour s’en éloigner. »
Unélément important dans cette question, et qui paraît avoir été négligé jusqu’à
présent, c’est la grandeur de l’orifice qui donne écoulement à l’air.
De tout ceci il résulte que la théorie des anches est encore incomplète.
L’anche, dans les tuyaux, ne vibre pas comme si elle était libre, son mouvement
est déterminé par l’écoulement de l’air, et elle est passive.
Le son, dans les instruments à anche, nous paraît dû à ce que le mouvement de
l’air qui s’écoule par la gouttière, étant animé de vitesse périodiquement variable,
imprime à l’air extérieur des chocs périodiques dont le nombre, déterminant le
son, peut varier avec la périodicité de l’écoulement qui dépend de la grandeur de
l’orifice, de l’élasticité de la lame, de la pression de l’air, etc. Les vibrations de la
languette vibrant librement peuvent bien n’être pas d’accord avec celles du tuyau,
d'après les expériences de M. A. Masson, et produisent un son très faible qui modifié
quelquefois celui du tuyau et en change le timbie, mais il ne sauiait être le son
principal et intense des instruments à anche. Quand 1 anche est battante, les bat¬
tements de la languette contre la gouttière donnent un son qui, s’ajoutant au pre¬
mier, en produit un autre d’un timbre particulier et nasillard.
« Il résulte, dit Lamé (2), de ces oscillations périodiques de la languette , des
chocs successifs de l’air contre l air, et par suite un son comme dans la sirène. »
J. Müller est complètement opposé à la théorie précédente, et, en la combattant,
il cite néanmoins plusieurs faits qui lui sont favorables ! « Le son d une languette,
dit-il (3), mise en vibration par percussion est faible ; celui d une languette qui
vibre par l’effet du souffle est fort; mais il y a aussi une différence dans la qualité
des sons, dont le timbre ne ressemble pas, dans le premier cas, à ce qu’il est dans le
second. On conclut de là que l’air, bien qu’il ne modifie pas l’élévation du sou en
raison de la largeur diverse de l’ouverture, doit cependant exercer sur lui de
l’influence, eu ce sens que, dans les conditions au milieu desquelles la languette vibre
par l’effet du souffle, il éprouve des chocs réguliers sans former des nœuds. On
sait qu’il ne faut pour la production d’un son qu’un certain nombre de chocs qui
soient propagés à l’organe auditif, et que les vibrations ne donnent lieu à des sons
que parce qu’elles déterminent des chocs de ce genre. D après la manière dont
une languette vibre dans son châssis, il doit, assure-t-on , se produire des chocs
semblables à ceux qui ont lieu dans la sirène, le passage de 1 air se tiouvant art été
au moment de chaque vibration. De même, dans la sirène, les interruptions du
(tj T. 1, p. 138. Caris, 1831.
(3) dus. rit., t. 11, 01.
(:j) Oliv, cit., t. II, p. 138.