L’ACOUSTIQUE,
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On dit que deux notes battent quand leur réunion
donne lieu à des intermittences ou alternatives pério¬
diques de force et de faiblesse. Le phénomène est bien
connu pour les tuyaux d’orgue. Lorsqu’on fait résonner
ensemble deux tuyaux légèrement désaccordés, ils se
troublent et donnent des battements ; le son tantôt
s’enfle, tantôt diminue, et quand les coups de force sont
très-rapprochés, cela devient un petit vacarme, une
sorte de roulement prolongé.
C’est encore Sauveur qui a le premier étudié ce bi¬
zarre phénomène, et il en a tiré immédiatement une
application des plus importantes. Il avait conclu de ses
expériences que le nombre des battements est toujours
égal à la différence de hauteur des deux notes : pour
chaque vibration double que l’une fait de moins que
l’autre, il y a un battement. Dès lors, rien de plus
facile que de déterminer la hauteur absolue de deux
notes en comptant leurs battements. Supposons, par
exemple, que deux tuyaux soient accordés pour les no¬
tes ut et ré; l’intervalle étant d’un ton majeur, le pre¬
mier fera toujours 8 vibrations quand l’autre en fera 9 ;
la différence étant 1, il y aura toujours 1 battement
pour 8 vibrations de l’un et 9 de l’autre. Si maintenant
on a compté 4 battements par seconde, on en conclura
que dans une seconde le premier tuyau a fait 4 fois 8
et l’autre 4 fois 9 vibrations, soit 52 et 56, et l’on en
connaîtra ainsi la hauteur absolue.
Sauveur voulut répéter ces expériences devant une
commission de l’Académie. 11 les avait déjà fait voir à
plusieurs musiciens de Paris et elles avaient toujours
réussi d’une manière très-heureuse. Il faut que la com-