LE TOI BUE.
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partiels qui offrent chacun une direction et une forme
particulières.
De même, l’oreille distingue parfaitement les diffé¬
rents mouvements sonores qui lui sont à la fois transmis
par l’air. Transportons-nous par la pensée au milieu
d’un bal, au moment où l’orchestre fait résonner une
joyeuse fanfare. Quel mélange de sons qui cependant
se distinguent encore avec plus ou moins de nclteté !
Des cordes de la basse et des bouches des hommes par¬
tent des ondes sonores d’une longueur de trois à qua¬
tre mètres; des lèvres roses des femmes s’élancent des
ondulations plus courtes et plus rapides; le frou-frou
soyeux des robes et le bruit des pas produisent de pe¬
tits tourbillons d’ondes fines et serrées, et tout cela se
pénètre et se mélange sans se confondre, puisque l’o¬
reille distingue aisément les notes d’origine diverse.
Cependant le conduit auditif, qui reçoit toutes ces im¬
pressions à la fois, n’est qu’un point en comparaison
avec la masse d’air de la salle où se croisent tous ces
mouvements vibratoires. L’oreille ne peut suivre les
ondes sonores dans tout leur parcours comme l’œil qui
observe l’agitation d’une nappe liquide.
Si l’on jette une pierre dans une eau déjà agitée par
des ondulations d’une certaine ampleur, on verra de
petits cercles concentriques se propager sur la surface
ondulée comme ils se propageraient sur l’eau tranquille.
Au moment où le bourrelet circulaire coïncide avec la
crête d’une des grandes ondes, la hauteur de cette onde
se trouve subitement augmentée de la hauteur du bour¬
relet ; de même, la dépression circulaire en s’ajoutant
momentanément à la dépression qui existe entre deux
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