S’il s’agit de revenir à la nuance />/>, le joueur cesse aussitôt sa pression sur les pédales,
la tablette mobile du Réservoir ne comprime plus, puisque les ressorts L non sollicités ne l’atti¬
rent plus. Celle-ci, le réservoir se vidant naturellement, viendrait seulement et inévitablement
s'abattre sur la table fixe, sans 1 action des ressorts K qui utilisent alors leur énergie pour retenir
la table mobile soulevée dans une certaine limite.
Ainsi le travail de ce vaste récipient se trouve réparti en deux rôles. Lorsque les ressorts
inférieurs sont en action il en résulte des nuances appartenant au Forte ; lorsque, au contraire, ce
sont les ressorts supérieurs qui manifestent leur énergie la nuance revient vers le Piano.
Ce sont donc ces ressorts qui répondent aux intentions des Pédales en agissant sur un réser¬
voir d’air qu’ils compriment ou détendent aussitôt.
L'idée, géniale en elle-même, ne trouve pas son application dans l’Expression de l’Harmonium
qui, pour se produire, se passe
précisément de tout réservoir
et utilise directement, sans
autre intermédiaire, tout ce que
produit la Pédale.
Elle appartient au Grand-
Orgue et se trouve encore fort
loin de procurer l’expression
ample et complète telle qu’elle
existe dans l’Harmonium.
Voilà ce qui concerne la
soufflerie expressive de l’orgue
de Grenié. Considérons l’anche
elle-même maintenant.
On voit sur le même dessin
en T, le jeu d’anches propre¬
ment dit, dans lequel est em¬
ployée l’anche libre. Tous les
Fig. 2. — Résonnateur de Grenié
tuyaux terminés à leur sommet
par cette extrémité de forme
ronde composent ce jeu. Cette
boîte supérieure’Jest le résonna¬
teur proprement dit de l’anche.
Nous la reproduisons très ré¬
duite, fîg. 2.
Le résonnateur, comme on
peut le constater par le dessin,
se trouve en dehors du tuyau
tandis que l’anche libre y
est elle-même enfermée. On
aperçoit également la Rasette
qui pénètre à l'intérieur du
tuyau et glisse sur la surlace de
l'anche de façon à la pouvoir
accorder extérieurement.
Donc l’anche se trouve être
munie non seulement d’un résonnateur, mais située encore à 1 intérieur d un tuyau, condition fort
éloignée de l’Harmonium qui place l'anche libre sur un simple conduit, parfois un fort petit trou
pratiqué dans l’épaisseur d’une planche mince.
Dans cet orgue, l’anche libre est employée comme 1 aurait été 1 anche battante. Elle devait
être plus belle qu’expressive malgré tout, car, ainsi disposée, elle ne pouvait se prêter qu à des
nuances très limitées. Le principe physique du tuyau l’empêchait d’exagérer le crescendo et le
decrescendo pendant que le Réservoir, calculé exprès naturellement, n’était que peu disposé à
favoriser l’extension de ces effets.