L’effet de balancement léger et je ne sais quel sentiment pénétrant qui l'accompagne se pro¬
duisent pour chacune des notes de ce jeu. Il importe d’observer que la condition, qui peut sembler
bizarre, d’un certain désaccord n est pas et ne saurait être un désordre dans l’accord. La différence
introduite, non seulement doit être petite, mais de plus elle doit être très exactement mesurée,
proportionnée au degré d acuité ou de gravité du son donné : d’où une très grande délicatesse, une
précision extrême à observer dans l’accord — ou si vous préférez — dans le désaccord de ce jeu.
Par exemple, si, pour une note donnée, la différence entre les nombres de vibrations des deux
anches doit être six ondulations du son dans cet espace de temps, pour une note plus grave
les balancements devront être plus lents, pour un ton plus aigu ils devront être plus rapides ;
la progression devra être très également nuancée, suivie de la note la plus grave à la plus
aiguë du jeu.
Pour obtenir un tel eilet, il laut, nous avons cht, employer deux rangs cl anches diversement
accordés, résonnant ensemble. Mais, pour réaliser cette condition il existe deux procédés distincts.
Le premier, le plus simple, consiste a mettre à la fois en action un jeu de l’instrument de
même diapason auquel ou accouple un autre jeu, jeu spécial celui-ci, accordé un peu au-dessus
du premier et de la quantité nécessaire pour obtenir la différence sensible et le nombre convenable
d ondulations. Ce procédé était le seul autrefois employé.
Le registre dénommé Voix Céleste, par un mécanisme approprié, appelait à la fois l’un des
deux demi-jeux ordinaires de l’instrument, soit la flûte ou la clarinette, suivant qu elle était dia-
pasonnée en huit pieds ou en seize pieds, et le jeu spécial accordé un peu plus haut. L’effet de
balancement se produisait entre les deux jeux ainsi accouplés. Le jeu oscillant était bien un jeu
compose dans ce sens que deux rangs de lames contribuaient à son effet, mais un seul des deux lui
appartenait réellement, 1 autre étant, comme on dit, emprunté à l’un des jeux de l’instrument
et accordé au ton rigoureux.
En somme, au point de vue de la construction, la présence de la Voix Céleste n’introduisait
dans 1 instrument qu un seul rang de lames en plus de ceux qu’il possédait d’ailleurs. Cette façon
de procéder, très simple, a cependant un inconvénient; c’est que l’un des deux jeux accouplés doit
supporter à lui seul la somme de désaccord nécessaire à produire l’oscillation.
En sorte que le jeu oscillant ainsi constitué peut bien produire l’effet voulu quand on l’emploie
en solo, mais il ne doit, en thèse générale, être mélangé avec les autres jeux, sans quoi sa discor¬
dance semble s’exagérer et devient réellement désagréable.
C est à ce grave inconvénient que V. Mustel porta remède en inventant, dans son premier
instrument exposé en iS5 5, un autre mode de constitution du même jeu, plus délicat et plus
parfait. Ce second procédé consiste à employer, en réalité, pour le jeu oscillant, deux jeux spéciaux,
deux rangées de lames, lui appartenant en propre, sans nul emprunt aux autres jeux de l’instrument.
Et alors, la différence d’accord, déjà faible, est divisée entre ces deux jeux de lames ; l’une
des séries est accordée un peu au-dessus, l'autre un peu au-dessous du ton de l’instrument : et,