208
HISTOIRE DE LA DÉCOUVERTE DE i/ÉLECTROTONT'S.
courants dérivés, Gruenhagen, en s’appuyant de ses observations à lui, trouve
possible d’affirmer que «les phénomènes électrotoniques sont la suite directe
d'une irruption du courant du circuit dans la portion extrapolaire du nerf» (die
elektrotonischen Erscheinungen als unmittelbare Folge des Einbrechens des
Kettenstromes in die extrapolare Nervenstrecke sind, 3, 8. 135). Voyons main¬
tenant comment Gruenhagen explique, au point de vue de sa théorie, l’influence
de la ligature ou, en général, d’une atteinte quelconque portée à l’intégrité
structurale du nerf. Figurons-nous d'abord que par suite d’un endommagement
du mauvais conducteur fff dans le schéma métallique (fig. 2), les deux moitiés
du contour métallique ddd et dabced se sont touchées en un point b. Les
raisonnements faits au sujet de ce schéma nous montrent clairement que, dans
ces conditions, le courant dans le galvanomètre qui réunit les points c et e
disparaîtra complètement ou sera extrêmement faible. La même chose ar¬
rivera s’il est porté atteinte à l'intégrité de la portion bc du nerf (fig. 1),
car la différence des résistances dans les diverses parties du nerf, laquelle
avait existé auparavant, ayant disparu, la condition principale pour la propa¬
gation du courant dans les espaces extrapolaires sera également abolie.
On sait par expérience qu’avec le temps l'anélectrotonus s'accroît, et que
le catélectrotonus diminue. Gruenhagen explique ce fait en prenant pour point
de départ sa thèse principale, d’après laquelle tous les phénomènes de l’électro-
tonus se réduiraient au rapport des résistances du neurilemme et de la myé¬
line. Si, avec le temps, l'anélectrotonus augmente, c’est qu'à l'ainde la différence
entre les résistances de ces parties du nerf doit augmenter. C'ette augmentation
de la résistance se produit à la suite de ï’électrolyse, grâce à laquelle des
acides gras libres, mauvais conducteurs, se séparent de la myéline dans la
région de l'anode, tandis que dans celle de la cathode ce sont, au contraire,
les alcalis qui se séparent, étant meilleurs conducteurs (pie les acides gras. De
la une diminution de la différence dans les résistances et. par conséquent, aussi
une diminution de la grandeur du catélectrotonus. Le fait du reste (Abklingen)
d'électrotonus (constaté par Fick) sur l'anode et sur la cathode après l’ouver¬
ture du circuit du courant polarisateur, démontrerait, suivant Gruenhagen, que
des produits de l’électrotonus se forment dans la région des deux pôles de
la batterie, car la production du fait précité ne peut s’expliquer que par les
propriétés électromotrices des produits de l'électrolyse.
C’est en vain que nous chercherions dans les manuels de physiologie l'ex¬
posé de la théorie de Gruenhagen. Aujourd'hui les auteurs se rangent en ma¬
jeure partie à l’opinion de Hermann, laquelle paraît prédominer en ce moment.
Mais peut-on parler de la théorie de ce dernier comme d’une théorie
nouvelle, n'appartenant qu’à lui? N’est-ce pas plutôt la théorie même de Gruen¬
hagen?
Jugeons par nous mêmes. L'un et l'autre de ces auteurs admettent (Gruen¬
hagen ne l’a fait que plus tôt) comme condition principale pour l'apparition
des courants électrotoniques, la nature hétérogène des deux parties constituan¬
tes du nerf, c’est-à-dire de l'enveloppe et de son contenu. D’après Gruenha¬
gen la polarisation s’effectuerait à la limite de ces deux parties du nerf, où
viendraient se déposer des produits électrolytiques, ce qui exercerait une in-