LANGAGE.
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gauches (parfois des première, deuxième et troisième temporales), au moins la moitié
postérieure du gyrus supramarginalis, ou lobule du pli courbe, enfin le pli courbe
ou gyrus angularis (QueNsel et Flechsig). Nous verrons plus lard quelle partie de ces
territoires réclame la zone visuelle verbale. Signalons seulement que c’est au cortex
du tiers postérieur de la première temporale que la majorité des auteurs, Wernicke,
Kussmaul, Dejerine, localise le centre des images auditives verbales.
On a sérié davantage encore les centres auditifs : à côté du centre banal et bilatéral,
fixé au tiers moyen de la première temporale ou plus récemment encore en la temporale
profonde (Flechsig), le centre de perception des images auditives a été localisé au tiers
postérieur de la première temporale. Enfin, sur la région antérieure et inférieure du
gyrus angularis existerait un centre psychique, surtout mnésique, des images auditives
(Henschert) ; ce centre mnésique est, il est vrai, situé par d’autres sur le gyrus supra¬
marginalis (Otuszewski), Pour Flechsig, l’écorce du gyrus angularis (pli courbe) entier
formerait les mots avec les images des lettres.
Il convient de faire remarquer, sans aller plus loin, que, pour un très grand nombre
d’auteurs, on ne serait nullement en droit de distinguer deux fonctions de réception,
deux centres sensoriels distincts. Les altérations de la zone de Wernicke, telle que nous
l’avons limitée plus haut, entraîneraient également un déficit verbal auditif et visuel.
Quoiqu’il en soit,les auteurs se sont accordés à reconnaître des syndromes morbides
distincts, selon qu’intervenait la conception d’un centre sensoriel commun ou de centres
distincts. Il convient également de rappeler une fois pour toutes que, divisés en une
quantité de petits centres distincts, ou répartis en deux ou trois groupes principaux
(auditif, visuel, moteur) seulement, les centres sont étroitement unis entre eux1.
C’est ainsi que si dans les lésions du centre auditif il y a des troubles de la parole
spontanée, cela tient à [ce que la lésion du centre auditif trouble les processus d’asso¬
ciation nécessaires à la formation du mot.
Mais le centre auditif verbal ne joue pas seulement un rôle important dans la
coordination des phénomènes du langage, il les contrôle aussi au plus haut degré.
Hughlings Jackson, le premier, s’efforça d’expliquer la doctrine des aphasies dans son
ensemble par un système de mécanismes frénateurs dont le jeu serait plus ou moins
faussé : Wernicke, Broadbent et surtout Pick ont insisté sur cette conception, et ont
cherché à démontrer cliniquement que les fonctions du centre moteur du langage s’ac¬
complissent sous la direction du centre auditif. Celui-ci serait un véritable frein, et
on donne à cet effet comme preuves la logorrhée et le bredouillement des malades
atteints de surdité verbale.
Il convient de résumer maintenant ce que nous ont enseigné les recherches cliniques
et anatomo-pathologiques des neurologistes. Dans l’immense majorité des cas, les lésions
observées à l’autopsie intéressent d’une façonassez étendue le territoire sylvien, détruisent
la corticalité cérébrale et pénètrent assez avant dans la substance blanche. On observe
le plus souvent un syndrome mixte, dit aphasie sensorielle ou de Wernicke, que caracté¬
risent les troubles suivants : sans hémiplégie, sans difficulté ni incorrection de l’arti-
ticulation verbaleVobservent des troubles prononcés dans l’émission verbale, logorrhée,
déformation des mots et des phrases avec emploi des termes dans un sens qui n’est
plus le leur (paraphasie), création de vocables néoformés dénués'de sens (jargonaphasie),
impossibilité d’écrire spontanément ou sous la dictée, possibilité (souvent réduite) de
copier servilement un modèle en le dessinant sans le comprendre, lecture défec¬
tueuse, incomplète, parfois nulle (cécité verbale), incompréhension plus ou moins
accusée du langage oral (surdité verbale).
Certains auteurs distinguent, à côté de la forme précédente ou aphasie sensorielle
corticale,• une surdité verbale pure ou aphasie sensorielle sous-corticale (un seul trouble,
la non-compréhension du langage parlé) par lésion de la substance blanche de la
première ou de la deuxième temporales, et une aphasie sensorielle transcorticale, dans
laquelle le malade entendrait les mots, les reconnaîtrait en tant que signes de langage
(perception première) ; mais ne les identifierait plus, c’est-à-dire n’en saisirait plus le
1. Les voies d’association des centres du langage sont courtes, moyennes ou longues (fais¬
ceau arqué ou longitudinal supérieur, faisceau longitudinal inférieur, faisceau uncinatus).