HÉMORRAGIE.
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c) Troubles de la circulation. — Au cours d’une hémorragie rapide et mortelle on peut
'distinguer dans le rythme du cœur trois phases :
1° Aussitôt que la pression artérielle commence abaisser, le cœur s’accélère : nous
avons donné page 504 une explication de cette accélération. Le nombre des pulsations
•cardiaques peut augmenter de 20 à 40 p. 100 (Hayem).
2° Pendant que s’écoulent le dernier quart ouïe dernier cinquième de la quantité de
'sang qui doit rendre la saignée mortelle, on observe un ralentissement du cœur. Le
maximum de ce ralentissement coïncide, d’après ^ergendal et Bergmann, avec la fin de
l’arrêt respiratoire et se continue pendant la phase de la respiration agonique. Ce phé¬
nomène ressemble à celui qui s’observe dans 1 asphyxie, et son mécanisme est le meme,
la cause en est dans l’hypertonicité des pneumogastriques, puisque la section de ces
nerfs ou l’empoisonnement par l’atropine empêchent le cœur de se ralentir (Ch. Richet,
Bergendal et Bergmann).
Avant que le cœur s’arrête définitivement, il passe en général par une nouvelle phase
d’accélération avec un rythme assez irrégulier, et alors on peut constater Ja dissociation
entre les mouvements auriculaires et ventriculaires.
2° Mort par hémorragie lente. — Qu’elle soit continue ou avec intermittences, les
•symptômes d’une hémorragie lente et mortelle sont les mêmes.
Sur l’homme, une pareille anémie peut être provoquée par des causes multiples
et dans les détails desquelles nous ne pouvons pas entrer. Parmi les causes nous
envisagerons la saignée seulement, d’autant plus qu il fut un temps où la thérapeutique
la comptait parmi ses grands remèdes. Dans certaines affections, le malade devait subir
des saignées coup sur coup, ainsi que le préconisait Bouillaud. La mort était souvent le
résultat final de cet énergique traitement, et on s’ingéniait à l’attribuer à toutes sortes
de causes, excepté à la profonde anémie. — Hayem nous dépeint les caractères de cette
anémie de la façon suivante :
« Chaque perte de sang est suivie d’un affaissement plus ou moins accusé, pâleur des
téguments et des muqueuses, accélération du pouls, palpitations, souffles cardiaques et
vasculaires, vertiges, bourdonnement d’oreilles, sueur au moindre effort. La respiration
■est courte et haletante, l’appétit languissant, quelquefois entièrement aboli.
« Si les pertes de sang sont assez espacées ou moins copieuses, la réaction s établit
et prend parfois un caractère exagéré. G’es^un état d’éréthisme vasculaire. Le cœur bat
avec violence ; les pulsations sont fréquentes, de 100 à 120 par minute ; elles sont pleines,
larges et se font sentir dans les petites artères où habituellement on ne peut les perce¬
voir. Les inspirations sont précipitées, entrecoupées par des soupirs et des pandicula¬
tions.
« Les tempes battent, il se produit des sifflements dans les oreilles, des sensations
lumineuses comparables à des phosphenes ; la tete est comme étreinte d un çeicle de
fer. Le malade est en proie à une exaltation, à une inquiétude continuelle, présente
une extrême irritabilité; enfin la température s’élève légèrement au-dessus de la
normale.
« Si les hémorragies continuent, la réaction sfexagère, fait place à un état d anémie
chronique, qui conduit plus ou moins vite à la cachexie avec inappétence absolue, tor¬
peur physique et intellectuelle, œdème des membres inférieurs ou anasarque généia-
lisé et se termine dans la mort par le coma. »
Sur le chien, l’anémie produite par les hémorragies souvent répétées présente les
symptômes suivants, d’après Hayem :
« L*animal est affaissé, reste couché et se laisse retomber lorsqu’on le met debout;
il est haletant; les respirations sont superficielles, précipitées, irrégulières, puis elles
deviennent plus régulières et plus profondes (30 par minute). L’haleine est froide, la
langue pendante, les extrémités exsangues, les battements artériels sont réguliers et de
force moyenne; on perçoit un souffle assez rude au niveau de l’artère crurale; le pre¬
mier bruit du cœur est accompagné d’un souffle; nombre de pulsations, 112.
« La fin de cette agonie est difficile à suivre sur les animaux, qui meurent générale¬
ment pendant la nuit. »
En résumant les symptômes de l’hémorragie mortelle, on voit combien il est difficile
de trouver laquelle parmi les trois grandes fonctions, d’innervation, de respiration et de