FAIM.
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tube alimentaire, passent dans la lymphe et dans le sang et aillent réparer les pertes
des tissus et des organes. A ce point de vue, on pourrait dire avec Longet que c’est
dans tout l’organisme que réside le sentiment de la faim. »
Wundt : « Les sensations de faim, de soif, la sensation du manque d’air, depuis les
besoins modérés normaux de respirer, jusqu’à la dyspnée la plus intense, toutes ces
sensations dépendent certainement, mais en très faibles parties, des organes périphé¬
riques où elles sont localisées. Elles sont liées à des états déterminés de la composi¬
tion du liquide sanguin; ces états, d’après nos présomptions, mettent en jeu dans les
centres nerveux correspondants des excitations qui produisent, soit des mouvements
involontaires, soit des sensations, et par celles-ci des mouvements volontaires px’opres à
entretenir les fonctions en question. »
En tout cas, il nous semble impossible, à l’heure présente, d’assigner à la faim une
cause absolument précise. Nous nous sommes arrêté à la théorie mixte que nous avons
résumée tout à l’heure, convaincu qu’elle renferme la plus grande part de vérité sur les
véritables facteurs qui engendrent cette sensation.
§ III. — Voies de transmission de la faim.
a) Rôle des pneumogastriques. — b) Rôle du sympathique.
Comme le dit Beaunis, « la faim comprend :
« 1° Les sensations localisées d’une façon plus ou moins vague dans les organes
digestifs, les muscles masticateurs, sensations qui ont pour point de départ la muqueuse
de ces divers organes avec leurs nerfs sensitifs, les glandes (état de réplétion avant la
digestion), les muscles (besoin de contraction au début, contractions morbides dans les
degrés intenses de la faim),
« 2° Une sensation générale due à l’appauvrissement et à l’insuffisance de nutrition
de l’organisme; mais ce sentiment général lui-même n’est que la résultante d’une
multiplicité de sensations partielles, vagues, obscures, mal définies, partant des diverses
régions de l’organisme. _»
Il est évident qu’à chacune de ces sensations est affecté un système particulier de
transmission. Voyons ce que l’on a pu déterminer à ce sujet, à l’aide de l’expérimen¬
tation.
Tout d’abord, on s’est préoccupé de rechercher spécialement les voies de conduction
des sensations localisées le long du tube digestif, voies qui ne peuvent être représentées
que par les nerfs sensitifs émanant de ces organes. Aussi a-t-on été amené à considérer
tour à tour le sympathique et les pneumogastriques comme les conducteurs habituels
de la sensation de faim, si l’on songe que ces deux nerfs se partagent l’innervatior
motrice et sensitive du canal intestinal.
On a pratiqué une foule d’expériences dont nous ne retiendrons que les plus impor¬
tantes, tout en faisant néanmoins remarquer que les résultats obtenus sont loin d’être
décisifs.
a) Rôle des pneumogastriques. — Il n’y a aucun doute : La faim persiste malgré la
résection de ces deux nerfs. L’opération a été faite souvent sur diverses espèces animales
(cheval, chien, cobaye, lapin, etc.). fiEAUNis’n’a jamais pu obtenir la cessation de la faim.
Sur soixante expériences de résection du pneumogastrique, il a toujours vu les
animaux se remettre à manger après l’opération. Ce fait ne peut s’expliquer que par
la persistance de la faim. Il n’y a pas lieu d’incriminer le goût, puisque la section du
lingual et du glosso-pharyngien n’abolit pas non plus le sentiment de la faim.
Telle n’est pas l’opinion de Brachet. Cet auteur reconnaît au pneumogastrique un rôle
excessivement important au point de vue de cette sensation, et cherche à le démontrer
expérimentalement. Il a fait jeûner un chien pendant vingt-quatre heures environ, puis il
lui a sectionné les deux pneumogastriques au moment où l’animal était prêt à se jeter
avec voracité sur des aliments qu’on lui avait présentés. On vit alors la faim s’apaiser
.presque aussitôt.
Ce n’est là qu’une observation unique et très incomplète, qui ne saurait entraîner
pour conclusion, comme le veut Brachet, que la sensation de faim naît au niveau de
DICT. BE PHYSIOLOGIE. — TOME VI. 2