DIABÈTE.
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dans un cas de diabète à forme grave, après ingestion de 100 grammes de lactose, il y
eut une augmentation d’excrétion de 49 grammes de glycose et après 150 grammes de
lactose une augmentation de 114 grammes de glycose dans l’urine. On voit d après ces
données que non seulement le dextrose, mais encore le galactose, qui se forme par dédou¬
blement du sucre de lait, contribue à accroître la glycosurie. Effectivement, Fr. Voit a
montré en outre que le galactose pur amène une augmentation de 1 excrétion de glycose
dans l’urine chez le diabétique.
Les résultats de Külz ont été vérifiés par beaucoup d’auteurs, en particulier par Worm-
Müller1. En extension de ses expériences instituées chez des sujets normaux (analysées
plus haut), ce dernier expérimentateur chercha à établir la différence que présente le
diabétique d’avec l’homme sain pour l’ingestion de grandes quantités de sucre alimen¬
taire. Pour cela, il choisit des diabétiques très légèrement atteints, c’est-à-dire se trou¬
vant dans de telles conditions que le régime carné faisait disparaître totalement la glyco¬
surie. Comme Külz, il constata que l’ingestion d’amidon fait apparaître très rapidement
le sucre dans l’urine, surtout si cette ingestion est faite le matin et dans l’estomac vide;
une telle glycosurie ne se produit jamais chez l’homme sain, nous l’avons déjà dit. Après
ingestion de 50 grammes de glycose, l’urine évacuée dans les trois heures et demie con¬
sécutives contenait 1,9 p. 100 de sucre, soit 5sr,9, c’est-à-dire 11,8 p. 100 de la quantité
ingérée, par conséquent davantage que chez l’homme sain. Pour l’absorption d’un mé¬
lange de glycose et de fructose, il vit, d’accord avec Külz, que l’urine ne contient pas de
fructose, mais plus de glycose que par l’ingestion de celui-ci seul. Après l’ingestion de sucre
de canne, Worm-Müller observa aussi qu’il n’apparaît pas dans l’urine du fructose, mais
seulement du glycose, alors que dans les mêmes conditions l’homme sain excrète, comme
nous l’avons déjà vu, du sucre de canne non modifié. Pour ce motif il faut admettre
qu’il existe chez le diabétique une excessive activité fermentaire pour le dédoublement
du sucre de canne. Même résultat avec le sucre de lait (donné à la dose de 100 à 130 gram¬
mes) ; il passe aussi du glycose dans l’urine, et non du lactose non modifié, contraire¬
ment à ce qui a eu lieu chez le sujet sain.
La question de l’assimilation du lévulose par les diabétiques a été reprise dans ces
derniers temps, et on a vu que, si ce sucre est effectivement moins mal utilisé par le
diabétique que le glycose, la glycosurie peut cependant être accrue sous son influence.
De Renzi et Reale2 ont pu, il est vrai, administrer sans inconvénient 25 à 100 grammes
de lévulose à huit diabétiques. Mais Bohland3 a vu chez un malade que 20 à 30 grammes
de lévulose augmentaient de la même quantité le sucre excrété, au moins certains jours.
Haycraft4-, en donnant journellement 55 grammes de lévulose, par période de trois jours
à trois diabétiques, a constaté que chez deux de ses malades 19 p. 100 environ du lévu¬
lose étaient excrétés comme lévulose et 60 p. 100 comme glycose; chez le troisième ma¬
lade seulement tout le lévulose paraissait avoir été assimilé. Palma5, chez cinq diabé¬
tiques, a observé que l’administration de 100 grammes de lévulose provoquait un excès
de l’excrétion du sucre de 60 grammes dont 7 grammes de lévulose; 53 p. 100 du lévu¬
lose s’étaient donc transformés en glycose.
Les expériences instituées chez les chiens rendus diabétiques par dépancréatisation
sont aussi d’un haut intérêt. L’ingestion d’amidon et de pain (bien qu’une grande partie
passe sans transformation dans les fèces) augmente dans une forte proportion la glyco¬
surie et le rapport du sucre à l’azote urinaire. Dans certains cas d’extirpation incomplète
de la glande, où le sucre fait défaut dans l’urine pour un régime exclusif de viande, il
suffit de donner du pain à l’animal pour provoquer, l’apparition de la glycosurie (Min-
1. Worm-Müller. Die Ausscheidung von Zucker im Harn nach Genuss von Kohlehydraten bei
Diabetes mellitus (A. g. P., xxxvi, 172, 1885).
2. De Renzi et Reale. Le lévulose dans le diabète (Soc. ital. de méd. vit. Semaine médicale,
1896, 444).
3. Bohland. Heber den Einfluss der Lävulose auf die Traubenzuckerausscheidung bei Diabetes,
und über einige gegen denselben empfohlene Arzneimittel (Therap. Monats., août 1893).
4. Haycraft. Lävulose bei Diabetikern; ihre theilweise Umwandlung in Glukose (Z. p. C.,
xix, 1894, 137).
5. Palma. Ueber die Verwerthung der Lävulose und Maltose beim Diabetes melitus (Z. f. Heil¬
kunde, xv, 1894, 265).
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DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME IV.