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CŒUR.
1° L’excitabilité, dans les premiers jours du développement, est très faible; elle aug¬
mente progressivement avec le développement graduel de l’embryon.
2° Nous observons, comme conséquence naturelle du développement de cette exci¬
tabilité, une diminution graduelle dans la résistance de la fonction cardiaque à l’action
nocive des excitations extérieures.
3° L’excitabilité et la fonction cardiaque présentent des oscillations diverses et même
opposées, de sorte qu’un cœur fonctionnant activement peut être beaucoup moins exci¬
table qu’un autre cœur qui, par exemple, ne fonctionnerait pas du tout.
4° Il arrive parfois que les conditions qui dépriment l’activité fonctionnelle du cœur
embryonnaire en exaltent l’excitabilité, et vice versa.
Ces conclusions sont basées sur les faits suivants : a) Tandis qu’un cœur au troi¬
sième jour de développement peut continuer à se
contracter pendant environ quatre-vingt-cinq
minutes, le cœur d’un poulet à terme s’arrête au
bout d’un laps de temps n’atteignant pas trois
minutes. Il faut noter encore qu’un cœur à son
quatrième jour de développement, laissé in situ
dans l’embryon, ne se contracte pas pendant plus
de trente-quatre minutes, landis qu’un autre, dans
la même période de développement, mais séparé
de l’embryon, se contracte pendant vingt-cinq
minutes.
b) Tandis que l’excitabilité d’un cœur du troi¬
sième jour est exprimée par un écartement de la
bobine d’induction de du Bois-Reymond de 7 cm.,
celle d’un cœur au douzième jour est exprimée par
une distance de 23 cm.
Fano disposait le cœur entre deux électrodes mé¬
talliques sur un porte-objet : il observait le rythme
cardiaque et au moyen d’un clavier de télégraphiste
il en inscrivait les pulsations sur un cylindre en¬
fumé et à rotation. Il étudia ainsi les variations du
rythme provoquées par l’excitation électrique.
Les résultats obtenus par celte méthode, que
nous nommerons cardioscopique, sont nombreux et
importants.
Ainsi, il observa que dans un cœur embryon¬
naire, extrait de l’organisme, la fréquence des con¬
tractions diminue avec le temps, et que les con¬
tractions, qui étaient d’abord régulièrement ryth¬
miques, deviennent par la suite allorythmiques et
arythmiques. Il vit que le segment veineux du cœur continue à se contracter plus long¬
temps que le segment ventriculaire; que dans la période d’épuisement les contractions
ventriculaires se succèdent isolées ou par groupes, et que tantôt le segment veineux, tan¬
tôt le ventricule présentent à un certain moment des groupes de contractions pério¬
diques. Ces groupes seraient, en outre, toujours formés, dans les régions veineuse et
artérielle, de contractions égales.
Fano (Fano et Badano. Sulla fisiologia del cuore embrionale del polio nei primi stadi dello
sviluppo. Arch. p. I. scienze mediche, xiv, 1889) a, dans une publication plus récente,
adopté, ainsi que nous l’avons dit, la méthode photographique et une technique absolu¬
ment nouvelle : se mettant, de plus, dans des conditions d’observations plus favorables,
il a enregistré les mouvements des régions veineuse et artérielle du cœur embryonnaire
du poulet entre le second et le troisième jour du développement. Les résultats les plus
importants de ses l’echerches sont les suivants (fig. 72).
1° La forme de la contraction cardiaque est la forme péristaltique, et l’onde chemine
de la région veineuse à la région artérielle avec une vitesse variant, selon les diverses
conditions de vigueur ou d’épuisement du cœur, de 11,5 à 3,6 millimètres par seconde.
Fig. 72. — Forme du cœur embryonnaire
de poulet au troisièmejour d’incubation.
AD, extrémité veineuse. — BC, extré¬
mité artérielle. — F, segment ventri¬
culaire.
L’échelle correspond à 1 millimètre ;
chaque division à 0mm,05: (Fano.)