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COAGULATION DU SANG.
ment au bout de quelques jours. Dans ce cas, la coagulation débute à la limite du
plasma et des globules rouges, c’est-à-dire daus la zone des leucocytes et autres élé¬
ments incolores du sang (Fano, 1881 ; Contejean, 1896).
Il est probable que les données contradictoires que l’on trouve sur la coagulation
spontanée ou provoquée du plasma de propeptone proviennent de ce que les différents
expérimentateurs opéraient avec du plasma plus ou moins privé de ses éléments mor¬
phologiques.
La neutralisation du sang de propeptone favorise sa coagulabilité spontanée. Il en est
de même de l’addition de petiles quautités d’acide. Les alcalis au contraire retardent la
coagulation.
Si l’on refroidit le plasma de propeptone, il laisse déposer un précipité : le fibrino¬
gène A de Wooldridge, nucléoalbumine pour Pekelharing. Ce précipité une fois enlevé, le
plasma de propeptone-ne se coagule plus par CO2.
Fano admettait que l’injection de peptone exerce les mêmes effets sur la lymphe que
sur le sang, c’est-à-dire provoque l’incoagulabilité des deux liquides dans les mêmes
conditions et aux mêmes moments.
Shore (1890) contesta le fait et montra que dans certains cas (injection lente ou insuf¬
fisante) l’injection de peptone, quoiqu’elle ne modifie*pas la coagulabilité du sang, sup¬
prime celle de la lymphe.
Pollitzer (1885) et Grosjean (1892) montrèrent que Schmidt-Mülheim (1880) et Fano
(1881-1882) avaient employé non de la ’peptone pure, mais des mélanges de peptone et
d’albumoses, et que c’est à ces dernières substances que l’injection de peptone doit son
activité.
Les peptones pures (amphopeptone ou peptone de pepsine, antipeptone ou tryptone ou
peptone de trypsine, substances non précipitables par (AzH4)2S04) ont peu d’action sur la
coagulation. Il en est de même des albumoses solubles dans l’eau distillée (Protalbumose et
deutéroalbumose, la première précipitable par NaClseul, la seconde précipitable par NaCl
et un acide, solubles dans les solutions neutres de sel). Seule, la propeptone qui se pré¬
cipite par dialyse dans la digestion peptique (hétéroalbumose, intégralement précipitée
par (AzH4)?S04 ou par NaCl), ou les préparations qui en contiennent (peptone de Witte,
hémialbumose de Kühne de de Grübler de Leipzig, etc.) sont capables de suspendre la coa¬
gulation chez le chien.
Grosjean a montré qu’une injection de 0^,15 à 0&r,20 (par kilogramme d’animal)
d'hémialbumose de Grübler ou de propeptone pure, préparée d’après son procédé, suffisait
en général pour suspendre pendant une heure la coagulation du sang chez le chien. Les
échantillons tirés moins d’une heure après l’injection restent liquides pendant vingt-
quatre heures au moins, parfois indéfiniment. Quand la coagulation s’y montre, elle est
tardive et incomplète.
Pourquoi le sang de propeptone ne se coagule-t-il pas ? — Schmidt-Mülheim
avait constaté que le sang de propeptone se coagule quand on y ajoute du ferment de
la fibrine. Fano admettait que la substance anticoagulante protège les leucocytes, les
empêche de se détruire et de fournir les éléments du ferment.
Ledoux (1893) constata également que le sang de propeptone ne contient pas de fer¬
ment de la fibrine (contesté par plusieurs expérimentateurs, notamment par Dastre, 1896)
et jouit jusqu’à un certain point du pouvoir de détruire le ferment. Le plasma de ce sang
contient du fibrinogène et se coagule lorsqu’on y ajoute du ferment de Schmidt en quan¬
tité suffisante (contesté par Fano), ou des liquides qui contienneut du ferment, notam¬
ment du sérum ou du sang défibriné, ou du chlorure de calcium (Contejean, 1895).
J. Athanasiu et J. Carvallo (1896) admettent aussi que le plasma de peptone ne con¬
tient pas de ferment. Si on le prive d’éléments figurés par une centrifugation prolongée,
il ne se coagule pas par addition d’eau distillée, d’eau chloroformée, d’eau éthérée
d’eau, de chaux, ni par le sulfate de calcium, toutes substances qui provoquent la coagu¬
lation dans ce même plasma pourvu de ses globules blancs. Le seul procédé pour faire
coaguler le plasma privé de leucocytes, c’est d’y ajouter du ferment de la fibrine (contesté
par Dastre, 1896).
Les mêmes auteurs ont d’ailleurs constaté (1896) que l’injection intravasculaire de
peptone produit chez le chien une diminution très notable du nombre des globules