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CHLOROFORME.
1 avons vu, cependant, et nous l’avons réalisé, notamment dans les conditions particuliè¬
rement favorables à une imprégnation toxique, rapide et massive, dont nous parlions
plus haut, et qui, en somme, rappellent assez bien les circonstances qui ont accompa¬
gné certains cas malheureux, où on a enregistré des syncopes mortelles.
Ch. Richet a donc grandement raison, d’accorder une part considérable à l’intoxi¬
cation même du myocarde, dans ces cas malheureux, car c’est cette intoxication qui rend
dangereuses et graves, les influences qui peuvent s’exercer, au début de la chloroformisa¬
tion, et qui ont pour origine le trijumeau, les nerfs laryngés, un nerf sensible quel¬
conque (Cl. Bernard, Brown-
Séqcard, P. Bert, A. Goérin,
Laborde, L. Guinard, Lobo,
Gaskell, Schore (cité par
Gaskell), Newmann, Barlow,
etc.), une impression morale
trop forte (Vulpian, Terrier
et Péraire, etc.) ou même
l’action directe de l’anesthé¬
sique sur les centres bul¬
baires.
D’ailleurs, la prédisposi¬
tion physiologique ou patho¬
logique de certains sujets
est à même d’exagérer
beaucoup l’importance de
ces influences, et d’ajouter
encore aux dangers de l’in¬
toxication. C’est aussi un
facteur avec lequel on a tou¬
jours compté.
Tout autres maintenant
sontles accidents cardiaques,
qui surviennent pendant le
sommeil ou qu’onpeutdéter-
miner par l’administration
graduellement toxique du
chloroforme.
Là, la part prépondérante
appartient à la saturation, à
l’empoisonnement vrai, qui,
par généralisation de l’im¬
prégnation aux fonctions de
la vie végétative, entraîne la
suspension de l’activité des
centres, dont on doit par¬
dessus tout respecter l’inté -
grité.
Dans ces cas, lorsque la
mort survient, 1 arrêt du cœur est d’abord précédé d’une syncope respiratoire, qui
devient alors « le signe redoutable qu’il y a une intoxication profonde; que, par consé¬
quent, la dose de chloroforme est tout près de la dose qui va tuer le cœur ; peut-être
même que cette dose est déjà dépassée » (Ch. Richet).
R faut, en effet, admettre maintenant, qu’à part certaines exceptions, toujours pos¬
sibles et tenant à des causes variées, la mort, par intoxication chloroformique, est pré¬
cédée de la paralysie des centres qui commandent les mouvements de la respiration.
En citant les nombreuses expériences des auteurs français et étrangers qui ont tranché
cette question, longtemps pendante, Ch. Richet, avec tous les physiologistes, admet
la syncope respiratoire primitive.
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Fig. 112. — D rni 'tres phases de l’intoxication par le chloroforme
• chez un chien.
> 1', 1”, Lignes d’abscisse et secondes; 2, 2', 2", tracés des mouvements
du thorax à des périodes de plus en plus avancées de l’intoxication;
3, 3', 3", tracé des mouvements du flanc, id.; 4, 4', 4", pressions et
pulsations artérielles, à des périodes de plus en plus avancées de
l’intoxication.