CHEVAL.
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introduisent de grosses variantes dans le mode d’utilisation économique de ses forces
pour l’exécution d’un même travail. Somme toute, Zuntz et Lehmann ne trouvent pas de
relation absolue et constante entre la consommation nutritive et la production du
travail.
Ces deux expérimentateurs ont contrôlé pour ainsi dire leurs résnltats en les com¬
parant à ceux que fournirait la méthode indirecte de Boussingaült pour l’établissement
du bilan des échanges nutritifs. Après avoir fixé la ration nécessaire à entretenir leur
sujet d’expérience sans perte ni gain, ils ont calculé que l’exhalation d’acide carbonique
devait être de 5 lit. 7149 par kilogramme et par jour. Calculée d’après leur procédé,
sur l’animal au repos, cette exhalation serait seulement de 5 lit. 3107. La différence
s’expliquerait, d’après eux, par la perte d’acide carbonique au niveau de la surface
cutanée et de la muqueuse intestinale, par des variations résultant du travail digestif
et de la tranquillité ou de l’agitation plus ou moins grandes que les animaux présentent
pendant le séjour à l’écurie.
On voit, par la concordance des résultats, que le procédé de Züntz et Lehmann a été
appliqué d’une façon remarquable.
Hagemann s’est servi des résultats obtenus à Berlin pour faire la critique raisonnée
des expériences de Wolff et de ses collaborateurs sur l’alimentation du cheval et celle
de la ration du cheval de cavalerie légère dans l’armée allemande. Le critique est arrivé
à des conclusions fort intéressantes.
Katzenstein a mis des hommes en expérience sur l’appareil de Zuntz et Lehmann.
Dans le travail d’ascension, le cheval a consommé lO6,360 et lco,521 d’oxygène pour
produire 1 kilogrammètre. L’homme, dans les mêmes conditions, a dépensé lcc,5036 et
lcc,1877. La dépense a donc été sensiblement la même pour l’homme et le cheval. Mais
il en est autrement quand le travail se borne au déplacement du corps; dans ce cas, le
cheval dépense moins (0CO,0808 — 0CC,0678) que l’homme (0CC,1682 — 0CC,0885). Zuntz
estime que l’homme non entraîné dépense proportionnellement davantage, à cause de
la liberté des membres thoraciques.
b) Travaux de Chauveau et Kaufmann. —Au lieu de juger des phénomènes qui se passent
dans le muscle en travail par les modifications imprimées aux gaz de la respiration,
Chauveau a tenu à puiser les éléments du problème au siège même ou aussi près que
possible du siège du phénomène. Avec le concours de Kaufmann, il a poursuivi des
recherches qui ne pouvaient être faites que sur le cheval.
En premier lieu, ils ont cherché le rapport de la glycose et du glycogène avec la
production du travail physiologique. Ce programme impliquait l’étude des modifications
des gaz et du glycose du sang à sa sortie du muscle et de celles du glycogène du muscle
envisagé. Les études de cette nature n’étaient praticables que sur un animal offrant, à
portée de l’expérimentateur, une artère et une veine exclusivement musculaires, et
capables, par leur volume, de recevoir les canules nécessaires à la récolte du sang, pen¬
dant que s’accomplissent régulièrement la circulation et la contraction.
Leur attention s’est fixée sur les vaisseaux du muscle masséter. Il est facile de faire
entrer ce muscle en activité et au repos; il suffit d’offrir de l’avoine à l’animal ou de la
lui retirer. En outre ce muscle possède une artère et une veine réunissant les conditions
rêvées par l’expérimentateur.
L’artère est la maxillo-musculaire qui ne semble pas avoir de représentant chez
l’homme. Elle émerge de la carotide externe, descend derrière le bord postérieur du
maxillaire, couverte par la parotide, où elle se divise en deux branches : l’une profonde,
qui se rend dans le ptérygoïdien interne après avoir fourni quelques ramuscules aux
organes environnants ; l’autre superficielle, contournant le bord postérieur du maxillaire,
en se dégageant de dessous la parotide, au-dessus de l’insertion au maxillaire dusterno-
mastoïdien, pour se plonger dans le masséter et s’épuiser au sein de ce muscle (xoy. fig. 78).
C’est sur cette branche màssétérine et sur sa veiue collatérale que Chauveau et Kauf¬
mann ont recueilli les échantillons de sang nécessaires à leurs travaux.
Nous ajouterons que le masséter du cheval est assez volumineux pour qu’on puisse
se permettre d’en prélever un morceau pour y doser la graisse, le glycogène et le gly-*
cose, avant et après le travail de ce muscle, de manière à se procurer des renseignements
aussi comparables que possible.