CHALEUR.
205
sentent les couches plus profondes en est indépendante. C’est à partir de cette zone
limite où finit l’influence du rayonnement solaire que l’on commence à s’apercevoir
des effets de la chaleur centrale de la terre. Celle-ci ne peut guère nous intéresser, car
la vie animale et végétale n’atteignent jamais des profondeurs si considérables.
C’est donc la chaleur solaire que nous utilisons à la surface de la terre. Une partie
sert à construire les tissus animaux et végétaux et s’y immobilise temporairement. Une
autre partie sert à former de la vapeur d’eau et se retrouve lors de la condensation de
celle-ci. Enfin, une troisième se traduit par une élévation de la température et est des¬
tinée à partir vers l’espace par rayonnement. Comme le dit Duclaux, « la terre est un
réservoir de la chaleur du jour pour la nuit et delà chaleur de l’été pour l’hiver ». Elle
ne conserve rien de ce qu’on y verse pour l’alimenter, mais elle en régularise le débit.
Comme il n’y a pas un rapport constant entre la durée et l’intensité de l’insolation et
la durée et l’intensité du rayonnement du sol vers 1 espace, pour les différents points de
la surface terrestre, la température de ceux-ci doit nécessairement varier. Les gains et
les pertes de chaleur n’étant pas proportionnels pour l’Équateur et pour les pôles, on
voit la température moyenne de ces deux extrêmes terrestres présenter des différences
considérables. En général la température du sol diminue ä mesure qu’on s’éloigne
de l’Équateur. Mais cette diminution offre des irrégularités nombreuses, tenant sur¬
tout à l’influence de l’altitude. De deux lieux situés à la même latitude, celui qui se
trouvera le plus près du niveau de la mer jouira d’une température moyenne beaucoup
plus élevée. La température décroît en effet en raison directe de l’altitude. Mais ces
deux causes de variations s’influencent l’une et l’autre, de sorte que, si l’on veut se
rendre compte du rôle que chacune d’elles joue dans la répartition de la température
terrestre, il faut les séparer à l’aide du calcul. C’est ce que les météorologistes ont
été obligés de faire, depuis longtemps, lorsqu’ils ont essayé de tracer la marche de
la température à la surface de la planète.
Pour le moment, il est important de remarquer que la latitude modifie la tempéra¬
ture, principalement en vertu delà loi de Lambert. L’inclinaison avec laquelle les rayons
du soleil frappent un point quelconque de la surface de notre globe est d’autant plus
grande qu’il se trouve plus loin de l’Équateur. Or nous savons que l’intensité de la ra¬
diation solaire est inversement proportionnelle à la grandeur de cette inclinaison. En ce
qui concerne l’altitude, son influence s’explique, surtout, par le fait que le rayonnement
du sol vers l’espace est plus facile dans les hautes régions. En premier lieu, l’épaisseur
atmosphérique que les rayons provenant du sol doivent traverser diminue à mesure que
’on s’élève, et, en second lieu, l’air de ces régions devient moins dense et plus pur, toutes
conditions qui favorisent la radiation de la chaleur. Enfin, Saigey admet, comme une des
causes du refroidissement des montagnes, l’évaporation abondante qui se fait a leur
surface. A ce point de vue, nous dirons que la limite des neiges perpétuelles dépend d’une
foule de circonstances. En dehors de la latitude, elle varie avec les vents régnants, l’orien¬
tation des montagnes, la forme des massifs, les différences des températures extrêmes,
et la proximité d’autres pics neigeux. En Amérique, la limite des neiges se trouve
sous l’Équateur à 4 800 mètres; elle s’abaisse quand on marche vers le tropique septen¬
trional, tandis qu’elle s’élève en marchant vers le sud. Dans l’Asie, sur Je versant mé¬
ridional de l’Himalaya, la limite des neiges est, d’après Web, à 3 956 mètres et, sur le
versant septentrional, à 5067 mètres. Cette différence dépend du plateau thibétain dont
la hauteur moyenne au-dessus de la mer paraît être de 3 500 mètres. Sous l’Équateur on
n’a observé les neiges perpétuelles qu’en Amérique; les îles qu’il coupe ne présentent pas
de hautes montagnes, et en Afrique, où il y a de hautes montagnes, on ne signale pas
l’existence des neiges perpétuelles. Du moins la hauteur des plateaux et l’accumulation
des sables doivent en rendre la limite très élevée.
Température des eaux. — Les grandes masses d’eau qui forment l’Océan s’échauffent
sous l’influence de diverses causes.
Lorsque les rayons de soleil arrivent à la surface de l’eau, une partie se réfléchit
vers l’espace et une autre partie la pénètre dans toutes les directions. De cette dernière
fraction de chaleur la plus grande partie est retenue par les couches superficielles de
l’eau, et le reste, tout à fait insignifiant, continue sa marche vers les profondeurs, n’occa¬
sionnant plus d’absorption bien appréciable. Les physiciens qui ont étudié ce phéno-