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tionnent d’une façon rythmique, non point parce qu’ils sont soumis à quelque excitation
rythmique, mais parce qu’ils ont des périodee d’activité et de relâchement correspondant
à celles du centre respiratoire. » (Handbook of Pyysiol., 1873, 315.)
Ces observations s’appliquent plus particulièrement aux variations respiratoires delà
circulation chez le chien. Chez cet animal, le pouls s'accélère à l’inspiration, se ralentit
à l’expiration. Ces alternatives ne tiennent ni à des influences mécaniques, nia des sti¬
mulations réflexes parties du poumon, ni, comme l’avait supposé Schiff (C. W., 1872,157)
à une action produite sur les centres cardiaques et vasculaires par des changements
périodiques dans la composition du sang aux deux temps de la respiration. Pour le
démontrer, il suffit de se placer dans des conditions telles, que la respiration ne puisse
plus modifier ni la pression dans le thorax et l’abdomen, ni la circulation pulmonaire,
ni le volume du poumon, ni par conséquent les échanges gazeux.
Burdon Sanderson y arrive en expérimentant sur des chiens curarisés. Lorsque la cura¬
risation est presque complète, et qu’il ne persiste plus que quelques mouvements rudi¬
mentaires des muscles respiratoires, l’irrégularité du rythme du cœur continue à s in¬
scrire nettement, en même temps que les variations de la tension artérielle qui en sont
la conséquence et elle coïncide comme à l’état normal avec les phases des respirations
rudimentaires.
La méthode mise en usage par Fredericq donne des résultats encore plus frappants.
On enlève, presque en totalité, la paroi antérieure du thorax, on coupe les phréniques, on
ouvre largement toute la paroi abdominale par une incision longitudinale et par deux
incisions transversales. Il va sans dire qu’après ces opérations les mouvements respira¬
toires qui pourront se produire n’auront aucune influence sur la pression thoracique ou
abdominale, ni sur le poumon lui même qui reste affaissé. L’animal est maintenu en vie
grâce à la respiration artificielle. A un moment donné on suspend 1 insufflation pulmo¬
naire : l’animal, d’abord en état d’apnée, s’asphyxie bientôt et se met à respirer spontané¬
ment avec son moignon de thorax. Les battements du cœur s’accélèrent et la pression
monte pendant l’inspiration ; pendant l’expiration les phénomènes inverses se produisent
absolument comme chez l’animal intact.
Il est clair que ces irrégularités du rythme du cœur ne peuvent être dues qu’à des
variations périodiques de l’activité du centre modérateur, associées à celles du centre
régulateur de la respiration. Il n’y a plus en effet d’autre intermédiaire par lequel la
respiration puisse agir sur le cœur, si ce n’est le centre vaso-moteur bulbaire dont
il va être question. Il suffit du reste chez l’animal intact de sectionner ou de paralyser
les deux nerfs pneumogastriques pour faire disparaître les variations du rythme. Mais
l’expérience de Fredericq démontreen même temps que celles-ci ne sont pas dues àdes
excitations réflexes parties des nerfs sensibles du poumon, liées aux alternatives de
distension et de retrait du poumon, puisque cet organe reste toujours en collapsus. C est
donc en vertu d’un mécanisme automatique et non réflexe que le centre modérateur du
Gœur associe son activité à celle du centre respiratoire.
Un autre procédé également démonstratif et qui permet en même temps d’éliminer
l’intervention du centre vaso-moteur, consiste à supprimer la respiration du tronc par la
section sous-bulbaire de la moelle, et à enregistrer les mouvements respiratoires de la
tête en même temps que la pression artérielle ; les pneumo-gastriques, il va sans dire,
restant intacts. Si dans ces conditions on suspend de temps en temps la respiration arti¬
ficielle pour amener un certain degré d’asphyxie, on voit qu’à chaque mouvement d’ou¬
verture de la gueule correspond une accélération des pulsations artérielles (Wertheimer
et Meyer, A. de P., 1889, 24).
Tous les animaux ne présentent par les variations respiratoires du rythme cardiaque
qui s’observent chez le chien. Moreau et Legrenier (Arch, de Biol, 1883) ont constaté qu’elles
faisaient défaut chez le lapin. Legros et Griffé ne les ont pas trouvées davantage
chez toute une série d’animaux d’espèces différentes sur lesquelles ils ont expérimenté
(veau, mouton, chèvre, cheval, cobaye, dindon) : chez tous ces animaux les pulsations
sont isochrones aux deux temps de la respiration. Chez le cochon seul, les modifications
du rythme et de la pression se sont montrées semblables à celles du chien (Bull, de
l’Acad. des sciences de Belgique, 1883,153).
Chez l’homme l’irrégularité du pouls aux deux temps de la respiration est un phé-