21
BAROMÉTRIQUE (Pression).
toute une série de nuances intermédiaires. Les algues, les bactéries ou les graines,
qui sont arrêtées dans leur travail chimique par l’action paralysante de l’oxygène,
meurent en laissant les traces d’une vie anormale dans la composition chimique de
leur milieu. Chez les organismes plus compliqués, chaque élément présente les mêmes
troubles, mais celui-là meurt plus vite, cet autre résiste plus longtemps ; cependant
que tous déversent dans le milieu communies produits qui iront intoxiquer les uns et
les autres. Comme le dit Ch. Richet dans ses Leçons sur la défense de l’organisme,
« chaque cellule retentit sur toutes les autres, et toutes retentissent sur elle ».
Voilà pourquoi cette dépression est générale dans les phénomènes de la vie. Aucun
être vivant ne lui échappe, lorsque la tension de l’oxygène acquiert le chiffre de 300,
on peut dire que la mort est une conséquence certaine.
Effets des fortes pressions chez les êtres aquatiques. — Tout d abord il faut
résumer en quelques lignes les principales conditions de l’existence dans les eaux. Le
milieu aquatique offre pour le biologiste autant d’importance que l’atmosphère. Loin
d’être restreint sur notre globe, il en occupe la plus grande partie. Suivant Krümmel la
surface terrestre pourrait s’évaluer à 142 millions de kilomètres carrés, alors que les
régions de l’Océan, sans compter les lacs et les fleuves, représentent une surface de
368 millions de kilomètres carrés. Le rapport de la surface terrestre et de la surface
aquatique est donc dans la proportion de 1 à 2,6.
Cette masse liquide, qui forme les océans, les fleuves et les lacs, est la demeure
habituelle de millions d’êtres appartenant aux'deux règnes de la nature : l’animal et le
végétal. Leurs modes d’existence sont très variables d’après les conditions physico¬
chimiques de l’eau aux différentes régions. C’est ainsi qu’il existe une faune littorale,
une faune pélagique et une faune abyssale dont les caractères anatomo-physiologiques
ne sont pas du tout comparables.
Dans les régions du littoral, comme du reste dans toute la superficie de la mer ou
pullulent les êtres de la faune et de la flore pélagiques, l’eau est riche en matériaux
nutritifs; sa composition chimique est très favorable à la respiration, à cause de 1 aé¬
ration continuelle ; la lumière y est abondante et la température variable. Aucun obstacle
à la vie des organismes de la part des propriétés physico-chimiques du milieu. Rien
n’empêche leur évolution naturelle, sinon la lutte entre les diverses espèces.
Mais lorsque l’on descend dans les profondeurs de la mer, les choses se passent de
tout autre manière. La température diminue graduellement pour atteindre, au delà de
4 000 mètres les limites voisines de 5° ou 6°. Cela tient à ce que l’eau, étant assez
mauvaise conductrice de la chaleur, ne peut s’échauffer que superficiellement. Si, au
lieu de vastes océans, largement ouverts, on avait affaire à des mers réduites en sur¬
face et en profondeur, limitées par des barrières s’opposant a la libre circulation des
eaux, on observerait qu’à partir d’une certaine profondeur la température reste tou¬
jours constante.Pour la lumière il enest de même.Une partie de celle qui tombe sur la
surface de l’océan est réfléchie ; une autre partie est absorbée ; de telle sorte qu au
bout d’une profondeur, variable avec la composition de l’eau, il règne une obscurité
absolue. Ceci explique pourquoi la végétation n’existe pas dans les fonds des abîmes
océaniques. Quelques rares exceptions connues à cette règle sont précisément des végé¬
taux dépourvus de chlorophylle comme certains microbes.
La pression augmente d’une façon constante avec la profondeur. Chaque 10 metres
d’eau de la mer représentent sensiblement une atmosphère ; de telle sorte qu’à
6000 mètres de profondeur les êtres marins supportent la pression colossale de
600 atmosphères.
La composition chimique de l’eau offre aussi des différenees notables a la surface
et au fond de l’océan. Les sels dissous gardent toujours la même proportion ; mais les
quantités de gaz que l’eau contient varient dans un rapport constant avec la profondeui.
Ainsi que le montrent les nombreuses analyses de Carpenter, l’oxygène diminue len¬
tement et graduellement, l’acide carbonique augmente, et l’azote reste à peu près inva¬
riable. Toutefois, il n’est pas encore possible de dire suivant quelle loi ces changements
ont lieu. Par la comparaison des analyses précédentes et de dragages faits en meme
temps, la diminution de l’oxygène et l’accroissement de l’acide carbonique tiendraient
à la richesse de la faune dans ces régions profondes; la proportion d’air dans 1 eau de la