798
ASTIGMATISME.
inégal, comme un dessin de vagues.figées. Ce serait là un phénomène du même ordre
que ceux qui nous occupent.
Cependant cette conception est loin d’expliquer toutes les modalités des phénomènes
en question. Elle nous rend bien compte du fait que, d’après la situation du point lumi¬
neux, un corps opaque s’avançant au-devant de la pupille éteint tantôt des parties d’un
côté du cercle de diffusion, tantôt du côté opposé. Dans un cas, les rayons se sont entre¬
croisés au-devant de la rétine : on éteint l’image rétinienne parle bord opposé; dans un
autre cas, c’est l’inverse qui a lieu, le foyer global est reporté en arrière de la rétine.
Mais le schéma de la figure 71 n’explique pas suffi-
ç samment lamanière d’être des bords colorés des taches
plus claires dans le cercle de diffusion ; chaque tache
devrait être bordée de la même couleur sur tout son
parcours. Enfin il n’explique pas pourquoi beaucoup
d’yeux, dont l’astigmatisme
régulier est corrigé, conti¬
nuent à voir étiré dans l’une
ou l’autre direction le point
lumineux pour lequel l’œil est
adapté. Il reste surtout im¬
puissant devant les yeux assez
nombreux qui voient tou¬
jours multiple un point très
petit.
Donders avait déjà compris que la manière dont
se comportent les bords colorés des images multiples
d’un point s’expliquent par l'existence d’une aberra¬
tion de sphéricité des différents secteurs, du système
dioptrique, jointe à la chromasie du même système.
Quant à la polyopie de certains yeux, même quant ils sont bien adaptés pour la dis¬
tance du point lumineux, il avait songé à une inclinaison différente (en avant ou en ar¬
rière) des différents secteurs du cristallin, à une décentration de certains de ces sec¬
teurs.
Des recherches récentes de Tcherning démontrent que l’aberration sphérique du
système dioptrique peut être inégale pour Tes différents secteurs du système dioptrique;
que cette aberration sphérique sectorale entre pour beaucoup dans la production des
phénomènes qui nous occupent, qu’elle explique notamment pourquoi certains yeux
voient le point lumineux toujours étiré dans un ou plusieurs sens ; enfin, que la polyopie
dans l’espace de la vision distincte peut reposer sur la même aberration sectorale du
système dioptrique.
Tcherning est lui-même atteint d’un astigmatisme irrégulier, avec cette apparence
de décentration d’un secteur de son système dioptrique. D’abord le cercle de diffusion
formé par un point pour lequel son œil n’est pas adapté n’est pas un cercle, mais un
disque rétréci d’un côté. Nous avons dit plus haut que, lorsque dans des expériences on
couvre partiellement la pupille, la tache lumineuse se rétrécit du même côté si le point
lumineux est plus éloigné que le punctum remotum (de l’œil myope ou rendu myope), et
par le côté opposé si le point lumineux objectif est en deçà du punctum proximum. Cela
n’est pas vrai pour l’œil de Tcherning, lorsque le point lumineux approche du terrain
d’accommodation. Dans ces circonstances, en avançant de divers côtés l’écran opaque
au-devant de la pupille, dans un cas c’est du même côté qu’il fait disparaître un sec¬
teur du disque, et dans un autre cas il éteint, ou au moins il diminue l’éclairage
d’un secteur du côté opposé.
La figure 72 représente, la marche des rayons lumineux dans un méridien C de ce sys¬
tème dioptrique. Les rayons passant par la moitié inférieure du système ont déjà passé
l’axe optique, alors que ceux de la moitié supérieure ne font que se rapprocher de cet
axe. Si la rétine est placée très en arrière du foyer global, en R, c’est-à-dire si le point
lumineux est beaucoup au delà de la distance de la vision distincte, le cercle de diffusion,
très grand, sera éteint du côté d’où l’on avance un écran opaque au-devant de la