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En enlevant des parties de plus en plus voisines de la langue, on trouve
dans le nerf de nombreux tubes nerveux très-grêles, très-fins, qui contien¬
nent très-évidemment de la matière médullaire.
L’interprétation de ce fait offre certaines difficultés. Le chien opéré
lé 22 juillet avait alors environ quatre mois. On se livre à un pre¬
mier examen du lingual le 8 septembre, c’est-à-dire quarante-huit
jours après l’opération. On constate l’existence de tubes nerveux
ayant à peu près les caractères de l’état normal ; ces tubes sont dissé¬
minés au milieu d’une très-grande quantité de tubes altérés. Nous
n’hésitons pas à penser que la plupart des tubes nerveux d’apparence
saine observés ici sont des tubes provenant d’autres sources et s’a¬
nastomosant avec le lingual au delà du lieu de la première resection.
Les tubes appartenant en propre au lingual n’ont point encore éprouvé
une régénération appréciable. Cet examen a été fait sur un tronçon
détaché du bout périphérique. Le 5 octobre, vingt-sept jours après ce
premier examen, mêmes caractères du nerf; mais, outre les tubes
nerveux d’aspect normal, on trouve des granulations en série li¬
néaire. Ces granulations sont les vestiges de l’altération subie par les
tubes anastomotiques divisés le 8 septembre. Enfin, le 18 septembre,
tous les tubes anastomotiques sont altérés; aucun d’eux ne paraît
avoir échappé à la resection pratiquée le 5 octobre. Mais au delà du
point où a été faite la dernière resection, on trouve de très-nom¬
breux tubes grêles, ayant les caractères des tubes régénérés. Il est
probable que, le 5 octobre, ces tubes étaient encore complètement
vides ; aussi, la resection faite ce jour-là n’a-t-elle point retardé la
marche du travail de restauration ; et, comme dans l’expérience ¥1,
la substance médullaire a reparu dans les jours suivants, de telle
sorte que treize jours plus tard, le 18 octobre, le nerf contenait de
nombreux tubes régénérés.
Il nous a paru qu’un autre point de cette observation devait être
noté : nous voulons parler de la différence qui existait, au moment
du dernier examen, entre les parties extrêmes du nerf et la portion
la plus voisine de la resection récente. Dans cette portion on ne pou¬
vait distinguer que de très-rares tubes munis de substance médul¬
laire; dans les parties plus rapprochées delà périphérie, les tubes
distancés étaient bien plus nombreux. Est-ce à l’influence de la plaie,
de l’irritation qui y siégeait, qu’il faut attribuer cette différence d’é¬
tat? Ou bien doit-ons’en rendre compte en admettant, avec quelques