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MAHEY.
pu opérer. Cette influence cle la translation de l’oiseau éclaire
un des points les plus obscurs de la théorie du vol. Elle
explique comment, avec une vitesse d’abaissement très-faible,
l’aile trouve cependant sur l’air un point d’appui suffisant pour
soutenir l’oiseau; enfin elle rend compte de certains faits que
l’observation ou l’expérience avaient démontrés et dont voici
quelques exemples :
Quand un oiseau s’envole, les mouvements de ses ailes sont
très-étendus; ils le sont moins quand l’oiseau a pris sa
vitesse (1).
Quand un oiseau vole attaché à un, fil, il tombe, malgré ses
coups d’ailes, aussitôt que la tension du fil vient arrêter sa
vitesse horizontale.
Un oiseau qui s’envole s’oriente autant que possible le bec
auvent (d’Esterno); c’est,parce qu’alors le vent, apportant
sans cesse de nouvelles couches d’air sous ses ailes, place
l’oiseau dans les mêmes conditions que s’il avait une transla¬
tion horizontale.
Quand on attelle un oiseau à un manège (2), on voit que si
l’on imprime à la machine un rapide mouvement de rotation,
les battements des ailes prennent une lenteur extrême. La
révolution de l’aile d’un pigeon peut alors durer plus d’une
seconde, au lieu d’un cinquième de seconde, qui est sa
durée moyenne. Comme tout mouvement musculaire se ralen¬
tit en raison des résistances qu’il éprouve, cette expérience
est une des meilleures qu’on puisse donner pour prouver l’ac¬
croissement de la résistance de l’air par la vitesse de transla¬
tion de l’oiseau.
Si l’on considère la trajectoire de l’aile dont l’abaissement
se combine avec la translation de l’oiseau, on voit que cette
ligne est oblique et qu’elle se rapproche de plus en plus de
l'horizontalité à mesure que la translation de l’oiseau est plus
rapide. Or, l’aile, en s’abaissant, reste horizontale dans l’ap¬
pareil ci-dessus; il s’ensuit que le plan de cette aile fait un
angle avec la direction de son mouvement, et que cet angle
est d’autant plus petit que la translation est plus rapide. A ce
(1) Voyez deuxième mémoire, t. V, p. 36, fîg. 14.
t2) Voyez premier mémoire, t. I, p. 221, fig. 30.