ECONOMIE DU TRAVAIL MOTEUR.
Examinons un homme qui (ire une voiture a bras, au
moyen d’une de ces bricoles de cuir en usage à Pans. Si le
terrain est plat, ou légèrement montant, on voit que la cour¬
roie est alternativement relâchée et tendue ; que, si le mar¬
cheur presse le pas, les tensions de la courroie se font plus
brusquement; enfin que, s’il essaie de courir, la tension de
la courroie produit un coup sec, un véritable choc.
Pour mieux juger de ce qui se passe, il faut s’atteler soi-
même à cette voiture. En marchant sur un terrain uni on sent
assez faiblement l’effet des secousses; mais si on presse l’al¬
lure, on éprouve, à chaque tension delà courroie, une commo¬
tion assez forte qui produit contre les épaules une percussion
insupportable à la longue ; aussi est-il presque impossible de
courir pendant quelque temps en traînant une voiture ainsi
attelée. Sur un pavé inégal, la marche lente suffit pour pro¬
duire un effet analogue.
Lorsqu’on observe une voiture attelée d’un cheval qui
trotte, on constate les mêmes tensions brusques des traits, ce
qui prouve que l’animal subit également des commotions in¬
termittentes.
L’existence de ces chocs étant constatée, nous avons cher¬
ché à les amortir en transformant cette traction intermittente
en une traction plus uniforme. La mécanique résout à chaque
instant des problèmes de ce genre, au moyen d’intermédiaires
élastiques placés entre la force motrice intermittente et les
résistances à vaincre. C’est ainsi que dans la pompe à incen¬
dies la saccade du coup de piston disparait, transformée, par
un réservoir à air, en une pression constante qui donne au jet
de l’eau une vitesse uniforme. Sur les chemins de fer, les wa¬
gons sont reliés entre eux au moyens de pièces élastiques qui
suppriment, en partie, la brutalité des secousses au moment
de la mise en marche.
Je plaçai donc un ressort élastique entre la bricole et la voi¬
ture, et m’y attelant pour la traîner, je constatai la disparition
presque complète des chocs qui se produisent dans la marche
sur un pavé inégal, et dans la course, sur les terrains unis
eux-mèmes.
Non content de mon appréciation, je soumis à cette épreuve