reseaux sous la transparence ambree des tempes et de
la. poitrine. Cette place palpite, mais cette autre est
immobile, la vie et la mort luttent dans chaque detail:
ici c'est une femme, la une statue, plus loin un cadavre.
Ta creation est incomplete. Tu n'as pu souffler qu'une
portion de ton ame a, ton oeuvre cherie. Le flambeau
de Promelhee s'est eteint plus d'une fois dans tes mains,
et beaucoup d'endroits de ton tableau n'ont pas ete
touches par la flamme celeste.
Mais pourquoi, mon cher mettre? dit respectueusement
Porbus au vieillard tandis que le jeune homme avait peine
a reprimer une forte envie de le battre.
Ah! voila, dit le petit vieillard. Tu as flotte indecis
entre les deux systemes, entre le dessin et la couleur,
entre le flegme minutieux, la raideur precise des vieux
maitres allemands et l'ardeur eblouissante, l'heureuse
abondance des peintres italiens. Tu as voulu imiter a
la fois Hans Holbein et Titien, Albrecht Durer et Paul
Veronese. Certes datait n" une magnifique ambition!
Mais qu'est-il arrive? Tu n'as eu ni le charme severe
de la secheresse, ni les decevantes magies du clair-
obscur. Danscet endroit, comme un bronze en fusion
qui creve son trop faible moule, la riche et blonde
couleur du Titien a fait eclater le maigre contour d'Al-
hrecht Durer ou tu l'avais coulee. Ailleurs, le lineament
a resiste et contenu les magnifiques debordements de la
palette venitienne. Ta ügure n'est ni parfaitement dessinee,
ni parfaitement peinte, et porte partout les traces de
cette malheureuse indecision. Si tu ne te sentais pas
assez fort pour fondre ensemble au feu de ton genie
les deux manieres rivales, il fallait opter franchement
La