DIX-
avnuvnänuä
SIECLE.
philosophe n,ayant plus ni prejuges, ni illusions, ei; voyant dans
1a tranquillite le plus precieux des biens. a I1 avait v, a clit le Ina-
rechal Marmont, quelquefois severe pour lui, a de la generosite dans
le coeur et de 1a bonte quand les passions de son entourage ne Fem-
pechaient pas de se rnontrei" tel qlfil etait. n Fort instruit, ayant
vecu dans Pintimite cPHorace, se plaisant a 1a Satire, fournissant les
journaux depigrammes mordantes sur 1e eompte des exageres, sou-
vent plein de iinesse, avec un esprit que personne ne lui ajamais
conteste, il fut surtout un homrne de salon, un fidele representant de
1a Politesse et de 1a galanterie dans le sens brillant du XVIIIB siecle.
(Pest bien 1a le souverain qui, vaincu par 1a maladie, ne pouvant plus
relever 1a tete, trouvera encore assez dä-propos pour dire d'une dame
qu'on lui nommait : a Je Paurais reeonnue a son joli pied. a)
Les premieres annees, 1a physionomie generale de cette Cour fut
plus austere que riante : ily avait bien les elernents de Pesprit ancien,
mais le decor et les conditions avaient change. Le roi se laissait aller
a des attachements qui , suivant Chateaubriand, ressemblaient a des
passions; ce fut le regne des courtisans, des favoris se succedant dans
Pintimite du souverain, le comte d'Avaray, M. de Blacas, M. De-
cazes, Mm de Balbi, Mm du Cayla. Peut-etre Lamartine a-t-il vu
juste quand i1 a ecrit : a Louis XVIII etait, au fond, tres enclin a
une revolution qui lui restituerait son tröne, et qui slentendrait avec
lui pour le consolider par 1a puissance de Pesprit nouveau... (Tetait
un roi du passe, mais (fetait un homme du siecle. n Tajouterai : et
c'est ce qui 1e distinguait de son entourage.
E1; maintenant, comment vivait-on en cette Cour; quelles etaient
les physionomies royales qui, aux cötes du souverain, allaient peu
a peu concentrer Tint-eret et Inodifler Tesprit general?
La vie de Louis XVIII etait tres reguliere, tres ponctuelle. A huit
heures, entree du premier gentilhomme de 1a Chambre; a neuf
heures, rendez-vous d'al1aires; a dix heures dejeuner avec les per-
sonnes autorisees, une fois pour toutes, a venir tous les jours, et 1e
dejeuner se terminait generalement par quelque petite histoire legere
dont le Roi avait 1a specialite; de onze heures a midi audiences; a