NEUVIEME
SIECLE.
preseance, montraient une susceptibilite enfantine. Les honlmes de 1a
Revolution et de PEmPire pretendaient rester maitres dans ees Tui-
leries ou ils avaient vu passer Punixfers; les vrais royalistes, qui,
depuis si longtemps, supportaient les tristesses et les humiliations de
llexil, demandaient qu'on fit rendre gorge aux JEICOblHS, qu'on les
remit sans tarder en possession de leurs bie11s.
Penetrons jusqu'au lioi, malgre lui prisonnier dans les traditions
du passe. La oü Napoleon avait cent chambellans il n'a, lui, que quatre
gentilsllomrnos de la Chambre. Autour du tröne semble regner un
certain air de bonhomie; mais une etiquette mal combinee älOiglle
les hommes capables, et il ne reste plus aupres du souverain que les
grands seigneurs, toujoilrs polis, toujours correets, ayant des idees,
des habitudes, qui ne cadrent plus nullement avec les moeurs du
jour. 11 fallut un certain temps pour que cette vieillc Cour, etalant
avec orgueil le bon ton et les helles manieres dautrefois, eomprit
combien 1a faee des choses avait change, colnbien cet etalage de
modes surannees pretait au ridicule.
Certes Louis XVIII etait une figure interessante, mais physique,
caraetere, habitudes, rien en lui ne pouvait faire oublier Tefiigie si
populaire de Napoleon, soil: qu'on revit sans cesse le petit Caporal {1
1a redingote grise, soit q1f011 evoquat le souvenir du Cesar vraiment
beau dans son imperial rnanteau seine (Pabeilles. Certes, la physio-
nomie du Roi respirant a 1a fois 1a bonte et la finesse. etait pleine
de charme et de dignite, mais si le regard vif, la voix sonore,
le geste elegant, laissaient eroire a un reste de jeunesse, le corps,
alourdi par les infirmites, contourne par la goutte, ne permettait au-
cune illusion sur Vage reel du souverain. Au 1ieu du Cesar {ier de sa
jeunesse et de sa force, prenant d'assaut le pouvoir et marehant a la
eonqtlete du monde, cletait bien reellement a notre pere de Gand n,
le bon vieillard, 1e bon pere de famille, heureux de retrouver ses
enfants, de venir terminer ses jours au milieu d'eux. D'emblee l'i-
mage populaire comprit et traduisit cette difference.
Du Roi ainsi observe M. Imbert de Saint-Atmand a trace le tres
exacl;
portrait
qu'on va
lire