DIX-NEUVIEME
SIECLE.
naux en un seul, vingt volumes e11 une feuille. (r Une revolution
dans 1a presse n, seeriait-il, comme 011 verra, plus tard, des indus-
triels annoneer a grands fracas a revolution dans 1a chaussure n,
u revolution dans Pllabillelnelü; n, tant, depuis 1789, ce mot ronflant
exerce sur les esprits une singuliere attiranee.
Mais ici, Emile de Girardin ne se trompait pas, Ifexagmirait nulle-
ment; cfetait bien une revolution au point de vue materiel comme
au point de vue moral. Jadis, cfest-a-dire jusqu'en 1830, les jour-
naux coütaient 011er (80 francs par an), ne se vendaient pas au nurnero,
etaient de forrnat restreint, ne servaient que leurs abonnes. Les gros
tirages (fetaient, sous 1'Empire, le Journal des Deimts avee ses
12,000 souscripteurs; sous la Restauration, le Conszitutionnel allant
de '15 a 20,000, chiflre dejä eonsiderable pour llepoque.
Uancien journalisme avait revetu les allures d'un veritable sacer-
doce : en politique, 011 art, en litterature, il representait des prinei-
pes; ses brillantes discussions avaienttoujours une allure acadenliqxle;
ses polemiques, meme les plus passionnees, ne deipassaient jamais
certaines limites et, surtout, ne shdressaient qu'il un cenacle de gens
de goüt. Uetait, bien reellement, 1a presse du suffrage restreint,
maintenue par des preeautions fiscales ou enserree par 1a censurc,
vivant par ses feuilletons de eritique litteraire et theatrale, ne con-
naissant de Pannonee que quelquesavis, quelques reelames sans
portee, intercalees dans le texte ordinaire, osant a peine arborer des
lettres un peu plus grasses, ignorant eompletement les (lessous du
bulletin llnaneier, se bornant, en fait de Bourse, au cours de 1a rente,
presse trös particuliürc, aux orgaues restös cäläbres. Ici, Le Conscr-
vateur avec Chateaubriand; La Jlfinerve avec Benjamin Constant,
Jouy, Etienne, Paul-Louis Courier, Bäranger; lä, Le Globe avec
Guizot, Jouffrqy, Charles de Rämusat, Ampäre, Sainte-Beuxre; aux
approches de 1830, Le National avec Thiers, Mig11et,ArmandCar1-el.
Et les ätapes du journalisme sont signiücatives zen 1800, une
presse räglementäe comme les thäätres, treize journaux qui, en 11811,
seront räduits ä quatre, insärant quelques nouvelles, publiant sur-
tout les bulletins de 1a grande armöe; avec 1a Restauration, une